Du jeudi 17 au samedi 19 février, Le Triton proposait une série de trois dialogues entre pianistes de générations différentes intitulée "Pianos Croisés". Des échanges riches...
L’idée de ces Pianos croisés, dixit JP Vivante [1], est de provoquer un petit quelque chose de transgénérationnel, le croisement fécond entre un « vieux » loup des caveaux et un « presque » perdreau de l’année, la première partie étant confiée, trois soirs de suite, à Raphael PRADAL au piano solo pour une mise en bouche « Flamenco, tapas, palmas y todo y todo ».
Ce jeudi sont réunis Denis BADAULT et Franck WOESTE. Le premier a une longue carrière derrière lui ( de l’ONJ à la Bande à Badault en passant par des formations plus réduites ), le second sévit en particulier ( mais pas seulement ) au Fender Rhodes dans le Jus de Bocse de Collignon.
D’abord, il convient de revenir sur cette appellation Pianos croisés, façon courtoise et élégante pour parler d’une copulation publique entre deux pianos à queue. Si si.
Et les deux lascars du soir nous la jouent Première rencontre : on se renifle, on se regarde, on s’écoute, on regarde où mettre ses petits pieds et ses grandes mains ; tu fais quoi ce soir ? On irait bien boire un verre ? T’as une préférence ? Non, et toi, tu connais un truc sympa dans le coin ?
Les trois pièces interprétées, tourneboulées, travaillées au corps ( dont Charlie et Gonzalo et Zone Amazone Lied ), nous ont emmené quelque part entre le pianocktail de Vian et la BD « À la recherche de Peter Pan » de Cosey : un espace hors du temps courant ( oui, courant, du verbe courir ), trois bulles de 20 minutes où les sons se transformaient en couleurs et en fleurs juste écloses ; du soliflore au grand vase, de la longue rose au jaillissement de bouquets dodus et volumineux. Un truc à la fois de facture classique, harmonieuse, mélodique et en même temps bourré de trouvailles vraiment chouettes ( ce gimmick qui fait sourire, cette percussion répétée d’une seule note qui survole les deux pianos, l’impro qui passe d’un clavier à l’autre sans rupture-et il faut ouvrir les yeux pour repérer qui joue quoi à cet instant-là-.... ).
Vendredi, la rencontre se poursuit avec Andy EMLER et Issam KRIMI. Le premier a son rond de serviette au Triton, le second pas encore.
Ah, samedi. Il a tant plu cet après-midi que j’ai craint un instant d’aller à un concert de pianos aqueux. Mais non, pas une goutte (d’eau... ) dans la salle. Nous avons les pieds au sec.
Et les deux lascars du soir, François RAULIN ( f-raulin.fr ) et Ivan ROBILLIARD (yvanrobilliard.com) tapent dur d’entrée de jeu. Fini les tendres propos, les murmures langoureux, les longues phrases romantiques. Fini la chiche lumière.
-Il l’emparouille et l’endosque contre terre ;
Voilà. On descend les couvercles. Les sons s’étouffent. S’installe le silence qui contient tous les sons à venir.
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> Liens :
Jeudi 17 février 2011.
Vendredi 18 février 2011.
Samedi 19 février 2011.
[1] Jean-Pierre Vivante est directeur du Triton, café - concert et studio d’enregistrement. - 11 bis, rue du Coq Français
93260 Les Lilas.-