Conservatoire de Caen, le 22 février.

> mardi 22 février 2011 - 20h00 - grand auditorium du Conservatoire de Caen

  • Ari Hoenig : batterie
  • Gilad Hekelsman : guitare
  • Orlando LeFleming : contrebasse
  • Gaël Horellou : saxophone alto

Qu’est-ce qu’il fabrique le gars de CultureJazz ? Voilà bientôt un mois que ce concert a eu lieu et toujours rien dans les pages de ce site... C’est vraiment pas professionnel !

Ari Hoenig à Caen, le 22 février 2011.
Photo © CultureJazz

Eh non, je vous l’accorde, ce n’est pas professionnel. Pour tout vous dire, nous ne sommes que des amateurs dans l’équipe ! Amateurs, du verbe aimer. Oui, on aime le jazz (et on le dit, on l’écrit). Amateurs parce que dans notre vie, nous avons aussi besoin de temps pour la décantation, la réflexion et pour souffler un peu. L’oxygène est indispensable au bon fonctionnement de nos cellules, les grises et les autres.

Je viens donc aujourd’hui vous parler, en différé, de ce concert. C’était bien ! C’était vraiment bien ! C’était même un de ces moments d’exception que le jazz nous délivre assez souvent, heureusement. C’est pour cela qu’on en est tant "amateurs" !

Et qu’est-ce qu’il avait de particulier ce concert ? direz-vous...

Ari Hoenig Trio + Gaël Horellou - Caen, le 22 février 2011.
Photo © CultureJazz

Premier élément : Le trio d’Ari Hoenig est vraiment épatant. On connaît les qualités du batteur de Philadelphie (né en 1973), son exceptionnelle musicalité (jusqu’à jouer la mélodie du Smile de Chaplin sur ses toms pour le rappel !). On connaît le sideman recherché, aimé des pianistes comme Jean-Michel Pilc, Bojan Z, Tigran Hamasyan côté Europe ou Kenny Werner aux USA mais on a moins l’occasion d’entendre le leader en concert, surtout en province.

Leader ? Ari Hoenig serait plutôt un "impulseur", un booster dans la langue de Shakespeare. Il pose le cadre (des compositions ouvertes) pour dessiner l’aire de jeu (le playground) et apporte l’énergie, le feeling et fait monter la pression créatrice dans un esprit qu’il intitule punk bop. Alors, tout s’éclaire et chacun donne le meilleur. La musique qui en résulte possède une âme et prend vie sous les doigts des remarquables complices d’Hoenig. Le guitariste israélien Gilad Hekelsman défie les conventions dans la lignée de Ben Monder ou de notre Manu Codjia et le contrebassiste anglais Orlando LeFleming rappelle son compatriote Dave Holland pour la stabilité libre et la musicalité. La modernité est toujours tempérée par des références aux formes plus conventionnelles du jazz.

Gaël Horellou à Caen, le 22 février 2011.
Photo © CultureJazz

Second élément : Gaël Horellou c’est la fougue et la sérénité rassemblées dans un jeu de saxophone flamboyant et volubile. Ce garçon ne semble jamais perdre le contrôle. Sa technique peut sembler atypique mais elle est totalement aboutie et portée par une imagination qui semble ne jamais tarir. Un vrai phénomène d’une sensibilité extrême. Pas surprenant qu’il ait tant de vrais amis qui pensent à lui. Voilà pourquoi Ari Hoenig ne voulait pas passer à Caen sans inviter son copain Gaël. C’est symbolique et fort.

Le troisème élément est la somme des deux autres.

  • Le public assez nombreux du conservatoire n’a pas assisté à un concert d’un trio "avec invité" comme on en voit tant. Le genre de rencontre polie et pas toujours désirée (voire fabriquée) sur un morceau ou deux mais pas plus... Du style "Et maintenant, mon grand ami nous fait l’honneur de nous rejoindre... ". Bravos et retour en coulisse pour le guest afin que le concert reprenne son cours "normal"...
    Ari Hoenig et Gaël Horellou à Caen, le 22 février 2011.
    Photo © CultureJazz

    Non, nous avons eu droit à un concert à quatre [1]. Un vrai quartet sur des compositions pas faciles, piègeuses et acrobatiques, mises en place vite fait bien fait au cours de l’après-midi... En une heure, guère plus...

  • Les spectateurs n’en ont rien vu et là, c’est vraiment du grand art... La magie du jazz (désolé pour le lieu commun... Vous avez une autre formule vous ?).
  • On ne dira pas que Gaël Horellou a été meilleur que les autres parce qu’il a su "s’intégrer". En fait, la nouvelle géométrie de la formation a obligé chacun à repenser son positionnement. Les échanges ont pris une autre dimension. On imagine que les autres concerts de la tournée (pour la plupart uniquement en trio) auront été bien différents. Quelle chance nous avons eue d’être là !

Oui, vraiment, ce soir-là on pouvait vérifier que 3 + 1 = 1.
La symbiose réussie entre trois nomades faisant étape le long des routes d’Europe et un voyageur du jazz vivant qui a gardé dans le cœur l’attachement à la ville où il a grandi.

Un moment intense, fort et assez émouvant.
Merci.

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> Liens :


© CultureJazz® - mars 2011 - www.culturejazz.net®

[1Pendant le seul morceau du trio en trio, Gaël Horellou était près de ses complices, assis sans jouer... mais présent.