Noir c’est noir

Le Théâtre des Doms, en Avignon, se veut la maison d’hôte et de relais de toutes les expressions artistiques et les dynamiques culturelles de Belgique francophone. Pour mémoire, nous sommes irrigués ( et nous oublions parfois qu’ils sont belges ) par une pléiade de cultureux majeurs : Tintin et Milou, Jan Bucquoy, Noël Godin, James Ensor, René Magritte, Jacques Brel, François Schuiten et Benoît Peeters, Yolande Moreau, Raoul Vaneighem et tant d’autres....
C’est dans ce cadre qu’a été proposé le spectacle WILD PARTY en juillet dernier dans la salle de l’AJMI (Assoc pour le Jazz et la Musique Improvisée ).

The Wild Party, en Avignon : juillet 2011

À l’entrée, le gars qui nous avertit qu’on entrera dans cinq grosses minutes tête goulûment une bière. Leurs fringues tranchant avec celles des festivaliers espérant cette fameuse ouverture, deux autres mecs sirotent une bière, le dos au mur. L’annonce de l’ouverture est accompagnée de cette recommandation : « on a mis des cubis de rouge et de blanc, il y a des sirops à côté, servez-vous en entrant, c’est libre service ». Tout ça dans un climat qui n’est pas sans rappeler « La merditude des choses » : les musiciens s’installent une bière à la main et l’acteur-narrateur réalise en live, sur scène, l’exploit de décapsuler une bouteille tenue dans sa main droite avec la bouteille tenue dans sa main gauche. Au fond de la scène, sur une table ronde, une théorie de canettes entoure une bouteille de whisky. Ambiance belge garantie augmentée de ce bel accent outre quiévrain ( dico des clichés pour journaliste sportif ) qui fleurit aussi dans la salle.
Contrairement à d’autres tentatives musicalo-théâtreuses hasardeuses, ici, il s’agit d’un vrai quartet de jazz qui a intégré un conteur-narrateur-acteur ( ou d’un acteur-narrateur qui a intégré un quartet de jazz, certes ). Un vrai 4tet qui joue des thèmes en place, où chacun prend des chorus épatants et où le trompettiste se la pète avec bonheur, crooner, chanteur lyrique et pianiste. Ils se nomment : Benoît Verhaert (acteur), Greg Houben (trompette), Matthieu Vandenabeele (piano), Sam Gerstmans (basse) et Laurent Delchambre (batterie).

The Wild Party - Avignon / AJMI juillet 2011
Photo X

Le fil rouge du spectacle déroule le récit d’une étrange histoire d’amour, d’alcool, de sexe et de jazz façon polar trash des années 30, dans le style « hard boiled » pur et dur. Ça marche vraiment bien et c’est comme en cuisine : continuez de mouiller à la bière, relevez de temps en temps d’un trait d’alcool fort ( la bouteille de ouisquie passe de main en main ), variez la cuisson et le tempo, laissez mouronner le temps d’un blues sirupeux en baissant les lumières, faites s’engueuler le chef et l’arpette, servez chaud !!
Au bout d’une heure, les musiciens font une pause, histoire de laisser les spectateurs remplir leurs verres et reviennent nous conter la fin haletante de l’histoire.
Tout y est : le polar, le jazz, l’alcool, les femmes fatales, les hommes bourrés de testostérone, la nuit, la vie et la mort.

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