Avec les disques de : AMAÑ OCTET, Laurent MIGNARD DUKE ORCHESTRA, X’TET Bruno REGNIER, Michael RIESSLER, ORCHESTRE Franck TORTILLER, Sylvia VERSINI ORCHESTRA.
Six formations réunissant chacune de 8 à 16 musiciens, autant dire du jazz en (assez) grand format, en particulier par les temps qui courent... Heureusement qu’il y a encore des passionnés assez audacieux pour mener et faire vivre de tels projets qui nécessitent un investissement important et souvent des sacrifistes mais qui restent une composante essentielle du jazz. Plus on est de fous...
Avec les disques de :
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Un octet breton qui est bien implanté dans son territoire, ce qui lui permet d’obtenir une certaine reconnaissance régionale et, on le suppose, quelques aides qui auront permis la réalisation de ce disque.
On aurait tort de passer à côté de cet ensemble qui propose un répertoire original de la plume de l’excellent pianiste Jeff Alluin. Dès les premières mesures, on comprend que cet orchestre dégage une belle énergie avec des vents porteurs bien portants et une section rythmique qui assure un ancrage solide que l’allure soit paisible ou soutenue.
L’auditeur sceptique les attend au virage, il guette les faiblesses, les redites, les temps morts... en vain. On n’a plus qu’à se rendre à l’évidence : cette formation a vraiment de grandes qualités et ce disque en est un témoignage scintillant : du vrai jazz brillant au caractère bien trempé.
Notons que ce disque a été enregistré à l’Estran, scène de territoire pour le jazz et les musiques improvisées à Guidel dans le Morbihan. Il se passe vraiment des choses formidables en Bretagne !
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Depuis 2003, le trompettiste Laurent Mignard peut vivre son rêve. Il se plait à abandonner son instrument pour diriger un orchestre qui perpétue l’héritage de Duke Ellington, en parallèle avec son engagement dans la Maison du Duke, sorte de sanctuaire parisien de l’œuvre du maître.
Il peut ainsi se plonger avec délectation dans des partitions souvent rares, voire inédites comme la suite Turcaret écrite pour le Théâtre National Populaire de Jean Vilar.
À travers ce disque, Laurent Mignard veut mettre en évidence l’influence de la France dans l’œuvre de Duke Ellington, ce qui explique l’ouverture avec La Belle Vie de Sacha Distel. Le Duke appréciait l’élégance des chansons françaises !
Trop respectueux de l’œuvre pour la remanier en profondeur, Laurent Mignard et le Duke Orchestra en donnent une interprétation chaleureuse et d’une grande intelligence. Certes, cette musique semble à première vue assez classique mais à bien écouter, on se rend compte que les compositions d’Ellington restent magistrales et on n’en s’en lassera pas de si tôt. Cette formation, c’est du solide. Les solistes sont de tout premier ordre et on apprécie le brassage des générations.
Un très beau disque qui propose une face originale et parfois surprenante du répertoire ellingtonien.
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Chez Bruno Regnier, la musique doit avoir du sens, et éveiller les sens. Il aime que la musique s’accompagne d’images et en évoque. C’est pour cela qu’il travaille de longue date sur des films muets comme Steamboat Bill Jr (enregistré en 2005), Sherlock Jr (2007) ou plus récemment L’inconnu.
Cette fois, l’enjeu est différent. Pour écrire les 9 pièces qui composent ce programme, Bruno Regnier s’est imprégné de l’œuvre d’un jeune peintre, Louis Gagez. Le DVD qui accompagne ce très beau disque permet de bien saisir les relations qui se sont nouées entre les deux artistes. En l’absence de la trame narrative d’un film, Bruno Regnier a cherché à développer plus particulièrement le travail sur les matières, les couleurs superposées, le grain qui caractérisent les tableaux de Gagez.
Pour concrétiser ses projets, Bruno Regnier dispose de la très belle palette de son X’tet, une formation qui rassemble des musiciens aguerris qui ont noué une solide complicité avec le compositeur-leader. Un coup d’œil au casting donne une petite idée de l’efficacité de l’équipe ! Nous n’en citerons aucun, il faudrait les nommer tous... Et pour qu’il donnent le meilleur, il leur faut un bon public dans une bonne salle. On comprend alors que ce disque ait été enregistré live au Petit Faucheux, à Tours !
Un très beau disque à tous points de vue et une occasion, en bonus, de découvrir l’œuvre de Louis Gagez en images dans un superbe écrin musical.
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Étonnant dès le premier contact. Le digipack de ce disque est inséré dans un fourreau de carton perforé de bandes horizontales plus ou moins longues. Choix du graphiste ? Plus certainement une référence aux bandes perforées de l’orgue de Barbarie, instrument qui souffle avec une redoutable énergie tout au long de ce disque, piloté par un des plus grands spécialistes de cette vénérable machine à musique : Pierre Charial.
Le clarinettiste allemand Michael Riessler a fait partie de l’Orchestre National de Jazz de Claude Barthélémy de 1989 à 1991. Aujourd’hui, entre son travail d’enseignant, de directeur artistique et d’instrumentiste très ouvert, il nous livre un disque tout à fait étonnant dans lequel il joue d’un orchestre de dix musiciens qui s’appuie sur une rythmique foudroyante (avec le robuste Robbie Ameen à la batterie). Pierre Charial pousse la bande de souffleurs à suivre la cadence de ses bandes de carton. La matière sonore grouille, éclate, envoie de éclairs cuivrés : une musique du tonnerre qui n’est pas sans évoquer (c’est volontaire) les délires orchestraux de Frank Zappa (époque Grand Wazoo etc.) !
Il y a de beaux moment où la tension se relâche pour proposer des trouées claires où le clarinette du leader parvient toujours remarquablement à se frayer un chemin.
Le final, Hemis, est la trace d’un work in progress de près de 10 ans avec la complicité du batteur Terry Bozzio, encore un des fameux musiciens de la bande à Zappa. Une musique de forgerons avec des cuivres et des percussions qui produisent un magma brûlant et vraiment impressionnant de force !
Une très belle surprise de ce début 2012 !
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Ce disque n’existe pas !
Pourquoi diable l’évoquer ici ? Parce qu’il n’est pour le moment que le sampler promotionnel (5 titres) d’un projet tout chaud né des envies et de la passion de Franck Tortiller, grand fan de pop des seventies : jouer le répertoire de Janis Joplin !
Après Led Zeppelin, il s’attaque à une montagne : Janis était incomparable, irremplaçable ! Qui pourrait bien prêter sa voix à ce répertoire si ce n’est... Jacques Mahieux.
Nous qui avons salué le disque de la Mahieux Family (Peaux d’âmes), nous ne nous plaindrons pas de voir le batteur nordiste revenir au chant profond, écorché, émouvant à travers ce répertoire. L’orchestre est coloré par une redoutable section de cuivres où on retrouve des fidèles de l’équipe Tortiller.
Le projet est désormais soumis aux programmateurs... Souhaitons qu’il trouve le meilleur accueil sur les scènes nationales, européennes, mondiales... Pour que la perle Janis puisse briller d’un éclat nouveau.
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Mary Lou Williams (1940-1981) est une grande figure de l’histoire du jazz. Dans sa vie, tout est allé très vite et cette pianiste, mariée à 16 ans, immergée dans le jazz du Kansas City des années 30 a suivi avec enthousiasme l’arrivée de la génération des jeunes boppers de la fin des années 40 : Monk, Parker, Gillespie. Même si l’avant-garde ne l’a jamais effrayée (rencontre avec Cecil Taylor...), elle a toujours gardé un attachement fort pour les racines du jazz.
Grâce à Sylvia Versini-Campinchi, cette grande dame du jazz a droit à un magnifique hommage avec le soutien actif de l’AJMI d’Avignon qui publie ce disque remarquable après avoir permis au projet de se concrétiser sur scène.
On ne prête pas assez attention au travail de Sylvia Versini, compositrice, arrangeuse qui dirige depuis plusieurs année un octet en tous points remarquable.
Pour ce projet, elle a fait appel à des musiciens qui comptent parmi les forces les plus vives du jazz français et, dans le rôle du sage et du rassembleur, François Jeanneau invité à rejoindre cet Orchestra qui compte désormais 10 individus.
L’hommage est d’autant plus fort qu’il est assez distancié pour sonner juste. Dès la première plage qui démarre en fanfare, laissant s’exprimer les claviers d’Emil Spanyi, le ton est donné. Il n’y aura pas de nostalgie dans ce disque mais un enthousiasme et une constante énergie qu’aurait sûrement appréciés Mary Lou, qu’il s’agisse de redonner une vie nouvelle à ses compositions ou des thèmes et arrangements signés de Sylvia Versini.
Ce disque, nous l’avons très vite placé dans notre sélection des cinq étoiles de 2011 parce qu’il fait partie de ceux qui vont tout de suite droit au cœur. Oui, un disque qui a du cœur !
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AMAÑ OCTET : "Rumble" - D’ici d’ailleurs prod. DIDA002 / http://www.amanoctet.fr
Jeff Alluin : piano, composition, arrangements / Olivier Ente : tuba / Jacques Ravenel : saxophones baryton, ténor et soprano / Krystian Sarrau : saxophone alto, soprano / Thomas Laroche : saxophone alto, clarinette basse / Simon BERNIER : batterie / Benoit Gaudiche : trompette, bugle / Philémon Regnauld : contrebasse
01.Youpla / 02. Rumble / 03. Les heures lointaines / 04. Dodecasong #2 / 05. L’estran / 06. Songes / 07. Ici aussi / 08. Mali / 09. L’absinthe et l’absente / 10. Pétrolette
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Laurent MIGNARD DUKE ORCHESTRA : "Ellington French Touch" - Juste Une Trace LC00162 / Columbia-Sony Music - (parution le 27/02/2012)
Didier Desbois, Aurelie Tropez, Fred Couderc, Nicolas Montier, Philippe Chagne : saxophones, clarinettes / François Biensan, Franck Delpeut, Richard Blanchet, Franck Guicherd : trompettes / Jean-Louis Damant, Fidel Fourneyron, Guy Arbion : trombones / Philippe Milanta : piano / Bruno Rousselet : contrebasse / Julie Saury : batterie / Laurent Mignard : direction
01. The Good Life (La Belle Vie) / 02. Goof (Goutelas Suite) / 03. Gogo (Goutelas Suite) / 04. Gigi (Goutelas Suite) / 05. Paris Blues (Paris Blues Movie) / 06. Battle Royal (Paris Blues Movie) / 07. Paris Blues Alternate Bed (Paris Blues Movie) / 08. Autumnal Suite (Paris Blues Movie) / 09. Under Paris Skies (Sous le Ciel de Paris) / 10. No Regrets (Je ne Regrette Rien) / 11. Daily Double (Degas Suite) / 12. Comme ci comme ça (Clopin-Clopant) / 13. A Midnight In Paris / 14. The Old Circus Train / 15. Annonce et Ouverture (Turcaret pour le Théâtre National Populaire Jean Vilar) / 16. Turcaret court (Turcaret) / 17. Flamant (Turcaret) / 18. La Baronne (Turcaret) / 19. Madame Turcaret (Turcaret) / 20. Chevalier (Turcaret) / 21. Frontin (sempre amore) (Turcaret) / 22. Lisette (Turcaret) / 23. La colère de Turcaret (Turcaret) / 24. Turcaret – Final (Turcaret)
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X’TET Bruno REGNIER : "Au large d’Antifer" - Label Jazz À Tout Va Productions 05.06/1 (CD) + 05.06/2 (DVD) / Anticraft / MVS
Sébastien Texier : sax alto et clarinettes) / Rémi Dumoulin : sax ténor et clarinettes / Olivier Thémines : clarinettes / Alain Vankenhove : trompette / Matthias Mahler & Jean-Louis Pommier : trombone / Alexis Thérain : guitare / Frédéric Chiffoleau : contrebasse / Guillaume Dommartin : batterie / Pablo Pico : percussions / Bruno Regnier : compositions et direction
01. L’innocent / 02. Deux Nuages / 03. Vague Valse Bleue / 04. Kraken / 05. Twins / 06. Eau sous la Pluie / 07. Ruines / 08. Jaune / 09. Pas Morts, les Arbres ! Ils dansent – Enregistré en concert au Petit-Faucheux (Tours) les 22 et 23 septembre 2011.
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Michael RIESSLER : "Big Circle" - INTUITION-Music INT34352 / Intégral Musique
Michael Riessler : clarientte basse, saxophone sopranino, compositions / Pierre Charial : orgue de Barbarie / Max Merseny : saxophone alto / Stefanie Lottermoser : saxophone alto / Andreas Unterreiner, Johannes Schneider : trompette / Peter Palmer : trombone / Peter Laib : cimbasso / Manuel Orza : basse électrique / Robby Ameen : batterie /+/ Terry Bozzio : batterie sur 10
01. Introduction / 02. Raster / 03. Double / 04. Circle / 05. tthh / 06. Indy / 07. net / 08. Aruno / 09. berenice / 10. bonus : Hemis – Créé en 2009 enregistré en avril 2010 (Hemis enregistré en 2002-2011)
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ORCHESTRE Franck TORTILLER : "Janis The Pearl" - SAMPLER non encore édité (sans ref.)
Franck Tortiller : vibraphone, arrangements, compositions, direction artistique / Jacques Mahieux : chant / Patrice Héral : batterie, voix, électronique / Yves Torchinsky : contrebasse / Jean Gobinet : trompette / Anthony Caillet : euphonium / Matthieu Michel : trompette / Jean-Louis Pommier : trombone / Mathieu Vial-Collet : guitare
01. Kosmic Blues / 02. Move Over part. 1 / 03. Move Over / 04. Mercedes Benz / 05. Love and dust
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Sylvia VERSINI ORCHESTRA : "With Mary Lou In My Heart" - AJMIseries AJM20 / Les Allumés du Jazz
Sylvia Versini-Campinchi : compositions, adaptations, arrangements, direction, piano, claviers / Emil Spanyi : piano, claviers / Joe Quitzke : batterie / Éric Surmenian : contrebasse, basse électrique / David Lewis : trompette, bugle / Daniel Zimmermann : trombone / Lionel Segui : tuba / Hugues Mayot : saxophone ténor, clarinette / Ganesh Geymeier : saxophones soprano, ténor /+/Invité : François Jeanneau : flûte, saxophone soprano
01. Eleonor (S.V.) / 02. Petite âme perdue (S.V.) / 03. Capricorn (M.L. Williams) / 04. Mary’s waltz (Bebop waltz) (M.L. Williams / H. Nichols)/ 05. Taurus (M.L. Williams) / 06. Walkin’ and swingin’ (M.L. Williams) / 07. Saint-Martin de Porres (M.L. Williams) / 08. Mary’s african blues (S.V.) / 09. Clifford P. (S.V.) / 10. Intermission (M.L. Williams) / 11. Just Fabulous (S.V.) / 12. New musical express (M.L. Williams)
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