Das Kaff + 2 puis Imperial 4tet au Conservatoire.

Pour ce Jazz Dudim d’une fin avril très fraîche, le Collectif jazz de Basse-Normandie présentait dans le petit auditorium du conservatoire de Caen , deux formations pleines de chaleur humaine. DAS KAFF + 2 suivie d’IMPÉRIAL QUARTET.

Das Kaff : M. Surguy, R. Altrieth, N. Talbot - avril 2012
© CultureJazz.fr

Dimanche 29 avril 2012, le trio DAS KAFF composé de ( Ralf ALTRIETH : saxophone / Nicolas TALBOT : contrebasse / Mike SURGUY : batterie ), a accueilli dans son "bled" ( traduction : Das Kaff), Samuel BELHOMME, trompettiste français (qui a participé au dernier album du trio) et Karsten HOCHAPFEL, guitariste et violoncelliste allemand.

Ce concert faisait suite à une courte résidence au Studio 41 du Bazarnaom à Caen. Session de travail pendant laquelle les cinq musiciens ont chamboulé les repères et l’identité d’un trio rôdé pour faire vivre un quintet temporaire.
Trois moments dans ce concert.
Pour commencer, un enchaînement de morceaux de leurs compositions , jeu d’ambiances variées qui se succèdent de manière très homogène et nos oreilles sont ravies.
Énergie et Mélodie, Fantaisie et Poésie, Lyrisme et Inventivité...
DAS KAFF + 2 retient toute notre attention : le son de chacun est beau, l’écriture sans brusqueries est ouverte et innovante.

S. Belhomme, R. Altrieth - avril 2012
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Karsten HOCHAPFEL avec Das Kaff - avril 2012
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Le jeu tout en délicatesse du batteur Mike SURGUY rend le propos aérien tandis que Nicolas TALBOT concentre les énergies autour de sa contrebasse et donne corps à l’ensemble.
Le quintet occasionnel poursuit avec l’arrangement très original d’un standard où on remarque que le souffle intériorisé de la trompette de Samuel BELHOMME est en osmose avec le phrasé genre "force tranquille" du saxophoniste Ralf ALTRIETH.
C’est aussi dans cette partie qu’on se régale du jeu virtuose et lyrique de Karsten HOCHAPFEL, tant à la guitare qu’au violoncelle.

Et pour finir, DAS KAFF joue une musique plus pointilliste, à la structure plus éclatée.

De la belle musique, généreuse, chaleureuse. De l’écoute mutuelle. Tout ce qui fait un très bon concert de jazz, est là.
Pourtant, on ne le termine pas avec l’enthousiasme que cette formation est capable de susciter.
Il y a un moment au cours de ce voyage musical (on ne sait pas au juste lequel) où on a envie de plus d’audaces, de pugnacité, de surprises, d’un zeste d’ego.
La prestation est "en dedans", souvent trop sage, trop discrète. Comme si les 5 craignaient de nous déranger, bien calés que nous sommes un dimanche après-midi dans les fauteuils confortables du petit auditorium du conservatoire à l’ambiance feutrée.
Il y a bien Karsten Hochapfel qu’il ne faudrait pas beaucoup pousser pour qu’il mette de l’ambiance mais ses acolytes semblent dans leurs "petits souliers".

On assiste au fruit du travail de cinq excellents musiciens peut-être un peu "coincés" par la présentation de ce nouveau projet dans un écrin de velours.

On a envie de leur dire : "Allez les gars, c’est vraiment super ce que vous faîtes, lâchez vous, mettez un peu la gomme. C’est une bonne idée, ce DAS KAFF + 2, on vous attend sur d’autres scènes où vous pourrez libérer toute votre énergie."

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L’IMPÉRIAL QUARTET assurait la 2ème partie de cet après-midi jazz.
Sélectionnée pour la 11e tournée Jazz Migration, de mars à décembre 2012, cette formation, représentative de la nouvelle scène jazz française était l’invitée du collectif Jazz de Basse-Normandie.

Imperial 4tet à Caen, 29 avril 2012
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Juste le temps que nos oreilles se réveillent et l’IMPÉRIAL QUARTET nous a embarqués dans sa machine impériale à explorer des sons gravement intéressants où on va plutôt se balader dans le registre des basses fréquences.
Ils sont quatre, jouent en acoustique et on croit avoir face à nous une formation imposante. La palette de leurs compositions personnelles, émaillées d’improvisations inspirées est très riche et originale. On sent rapidement qu’on va passer un bon moment.

Les deux souffleurs Damien SABATIER et Gérald CHEVILLON, mettent en scène toute la famille des saxophones, du basse au sopranino et n’hésitent pas à l’agrandir en prolongeant le saxophone basse d’un tuyau flexible noué. Jouer d’un sax à la fois ne leur suffit pas : deux c’est mieux et ça gronde, grave ! Surtout quand ils se mettent à converser.
Ils nous suspendent au bout de leurs anches et on se réjouit quand ils se retrouvent sur "Birdland" [1] au moment où on s’y attend le moins.

Gérald CHEVILLON / Imperial 4tet - 29 avril 2012
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J. Florent et D. Sabatier / Imperial 4tet - 29 avril 2012
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Antonin LEYMARIE est la locomotive qui percute avec autant de fougue que de finesse, à la recherche de rythmes et d’univers sonores enthousiasmants.

Le son rond et chaud de la basse électrique de Joachim FLORENT colore cette musique bien trempée.

Il y a à voir et à entendre : il y a la structure, la musicalité, la surprise et la présence.
Les " quatre" s’en donnent à cœur joie pour notre plus grand plaisir.
C’est grave mais ça fait du bien !

Au fil du concert, l’IMPÉRIAL QUARTET a débridé le spectateur du dimanche et on en aurait volontiers repris une tournée.

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Das Kaff + 2 :

Imperial Quartet

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[1célèbre composition de Joe Zawinul !