Bracelet au poignet, pour une somme modique, libre de déambuler de lieu en lieu tout au long de l’après-midi, le public familial vient s’immerger dans "Jazz".
C’est " buffet à volonté", on peut consommer jusqu’à plus soif.
Pour peu qu’il y ait de la place, il est donc possible d’entrer et sortir d’une salle afin d’y faire provision de musiques.
Nous choisissons d’entamer notre menu par le concert de la Marmite Infernale qui présente au théâtre, son spectacle "Le cauchemar d’Hector".
15 musiciens sur scène, mais point de fanfare par ici.
Il s’agit là d’un spectacle intégral qui raconte une histoire et nécessite la présence du spectateur de bout en bout.
Une musique impertinente, qui éclate les repères tant du classique que du jazz en prenant toutes les libertés pour déconstruire et reconstruire des œuvres du compositeur romantique Hector Berlioz.
Certains s’attendant à entendre une fanfare ont du penser qu’ils s’étaient trompés de porte .
Prenant en cours le propos musical, à peine entrés dans la salle, les oreilles agacées par des notes peu coutumières, des vagues de spectateurs entraient et sortaient.
D’autres, ne voulant pas perdre une bouchée des multiples propositions musicales en simultané offertes cet après-midi là, avaient décidé de grignoter dans tous les plats et après s’être confortablement installés dans un fauteuil en milieu de rang, décidaient d’aller "entendre" ailleurs.
D’où un va et vient incessant.
Ce cauchemar d’Hector est devenu assez rapidement celui des spectateurs qui voulaient savourer, découvrir, comprendre et celui des musiciens qui voyaient la salle se vider.
Par chance, le buffet étant ouvert une seconde fois un peu plus tard , les "frustrés" ont pu se resservir.
Après assemblée générale inter-concert, le collectif ARFI a décidé d’adapter son spectacle à la formule "portes ouvertes". Supprimant les parties parlées en voix off, l’ensemble prenait un rythme plus accéléré, laissant aux spectateurs moins de temps pour avoir la "bougeotte".
Deuxième mouture qui a de toute façon, ravi ceux qui comme nous, étaient venus chercher du" rab".
Cette expérience nous interroge sur le Jazzapping, ses limites et ce qu’il génère. Zapping en général, consommation et culture...peut-être une réflexion collective à mener ?
Incapables pour notre part de rendre compte de tout le menu de cet après-midi en picorant à droite et à gauche, préférant le "Slow Music" au "Music Drive", nous nous serons limités à trois spectacles.
Conscients de rater des découvertes par ailleurs, nous avions choisi de poursuivre notre parcours en assistant dans le square de l’évêché au concert de l’école de musique de Granville sous la direction de Thomas de Pourquery (nouveau résident de Jazz sous les pommiers).
Formidable aventure que cette intervention du musicien atypique et charismatique qu’est Thomas de Pourquery auprès de jeunes en formation musicale et cette collaboration avec leur professeur de jazz, Samuel Belhomme !
Sur scène, 35 musiciens dont certains "hauts comme trois pommes" (et 5 professeurs qui se sont fondus dans l’orchestre et dont il faut saluer le travail et l’enthousiasme) dirigés par un bateleur dont la gestuelle expressive est tout, sauf orthodoxe.
Depuis les violons jusqu’à la guitare électrique, du violoncelle au marimba, du trombone au saxophone et tutti quanti, ce petit monde répond en se donnant à fond.
Leur "chef" du jour n’économise pas ses clins d’œil d’encouragements, ses mines réjouies pour les approuver, ses applaudissements de soutien permanent.
Les jeunes sont dans la confiance et Thomas de Pourquery leur fait faire des pas de géants dans la musique libre.
Le rire musical est inscrit dans l’orchestration, comme pour prendre régulièrement une nouvelle respiration et relancer la machine, la mise en place est épatante. (on notera que le travail avec Thomas s’est concentré sur seulement 2 jours)
Le public, mis à contribution, est aussi "dans la poche".
Tout l’art de la passion, de la sincérité lié à un sens pédagogique inné.
Voir ces jeunes vibrer autant que la musique qu’ils jouent, un sourire jusqu’aux oreilles et des yeux ronds comme des billes, ce n’est pas commun dans le cadre d’une école de musique et ça nous remue.
Nous avons eu le bonheur de les réécouter le lendemain à Jullouville. (lire la "carte postale")
Pour achever notre parcours musical de ce dimanche après-midi, nous options pour le concert du Big band Christian Garros au Magic mirrors.
Une musique qui fait partie de l’histoire, dans la pure tradition des big-bands.
Au programme, la musique de Quincy Jones aux arrangements savoureusement veloutés et remarquablement interprétés par une formation qui jouait avec le cœur.
Des musiciens heureux d’être là ( ils attendaient ce moment depuis longtemps), partageant leur plaisir avec des spectateurs qui sentaient remonter dans leur mémoire tout ce qui est pour eux, l’essence du jazz.
Le Magic se prêtant si bien à l’écoute de cette musique, Il faisait frais dehors mais chaud dedans.
Un big band de grande classe qui méritait amplement de figurer en belle place dans ce programme.
Le menu de cet après-midi que nous avions dosé, sans fanfare mais avec trompettes, s’achevait donc avec le sentiment d’avoir goûté à de très bonnes choses.
Le programme du soir qui affichait Pink Martini à la Salle Marcel Hélie nous semblait moins appétissant mais nous décidions de ne pas céder aux préjugés et d’aller écouter de plus près. Pêché de gourmandise ?
Au menu :
Et en prime, une créature blonde ( on ne lui reproche pas, c’est elle qui parle de sa chevelure ) pour faire prendre la mayonnaise.
Tout dans tout et inversement.
Un divertissement bien huilé, bien assaisonné qui semblait être au goût du public mais qui nous laisse sur notre faim dans le cadre de Jazz sous les pommiers.
Après ce dimanche en fanfares, nous ne fanfaronnerons pas de ne pas avoir attendu le dessert.
Contrairement à nos principes anti-zapping , nous nous sommes retirés sur la pointe des pieds, regrettant que cet orchestre qui n’aiguise ni la curiosité ni la culture jazz du public prenne toute cette place.