Le sextet "Octopulse", jeune formation de la scène bourguignonne, présente avec "Octopulse’s Garden". Musique inclassable, sans frontières. Là est tout son intérêt.
On constate depuis quelques années que la nouvelle génération des musiciens qui viennent du jazz et des musiques improvisées aime flirter avec d’autres musiques : le rock parfois teinté de métal (groupes Jean-Louis, Call The Mexicains, Gleizkrew, Guillaume Perret & The Electric Epic), la pop (le quartet Limousine), les musiques électroniques, la techno et la transe (à découvrir dans la récente formation Magnetic Ensemble du batteur Antonin Leymarie ou le projet What A Transe du violoncelliste Vincent Courtois l’associant à de jeunes musiciens de l’ancienne nébuleuse Chief Inspector).
Le sextet Octopulse, jeune formation issue de la scène bourguignonne, présente avec "Octopulse’s Garden" une musique inclassable, sans frontières et là est tout son intérêt.
De nombreuses influences s’y retrouvent. Un premier titre ouvre le disque comme une symphonie classique précédant un magnifique solo du trompettiste Timothée Quost, compositeur et leader du groupe, remarqué dans des formations régionales aux côtés du Quostet et de l’OJJB de Franck Tortiller. Le son de Timothée Quost est soigné, profond et puissant. Il se rapproche des belles teintes cuivrées chères à Jean-Luc Cappozzo, par exemple dans « Impro AT », tout en gardant son originalité de phrasé et de style. Des passages nous font penser à de la musique médiévale avec des phrases aux couleurs cuivrées, les roulements et accents de caisse claire marqués d’Adrien Leconte, par moment non loin de l’esprit baroque connu dans le sextet de Louis Sclavis dans les années 90 autour de Rameau (le violon et le saxophone soprano associés à la batterie nous rappellent l’instrumentation de cet orchestre). D’autres passages sont voisins des musiques électroacoustiques et électroniques expérimentées par le trompettiste Serge Adam ces dernières années (à écouter dans les duos « Astragales » improvisés avec Pierre Juillard aux machines) ou assimilables à une sorte de musique électro-techno-rock parsemée de moments free jazz dans les envolées improvisées des saxophonistes Gabriel Boyault et Guillaume Lagache, qu’on peut apprécier sur « Octopulse’s Garden », « Amour en cage, opus 2 » et « Elec ».
D’autres instants pourraient correspondre à une musique de film ou de théâtre au dénouement mystérieux et tragique. Une ambiance de musique de chambre d’une grande précision d’exécution et d’écriture se dégage, notamment par la présence d’un violon (Julien Podolak) et d’un violoncelle (Claire Thévenard).
Des sessions donnent un air d’opéra avec le renfort du chant lyrique pour interpréter les lignes mélodiques dans « Octopulse’s Garden » et « Amour en cage, opus 2 ». L’univers de la musique contemporaine de Steve Reich n’est pas loin. Celui d’Erik Satie non plus dans « Varyotype », avec des phrases répétitives au tempo changeant.
L’Octopulse réalise un disque époustouflant, hors du commun, d’une grande intelligence avec une conception musicale originale, au point de nous transporter dans un univers imaginaire jusqu’alors ignoré. Un très grand disque à découvrir de toute urgence, qui amorce merveilleusement bien la carrière de ces jeunes musiciens prodiges.
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