« Si on t’accordait trois voeux qui devaient se réaliser sur le champ, que souhaiterais-tu ? »

> THEATRE DE L’OPPRIMÉ / 78, rue du Charolais / 75012 PARIS - samedi 12 janvier 2013.

Là-bas, au fond, passée la porte du garage, le son velu d’un sax ténor se déploie devant le chuintement des balais sur les cymbales et les caisses, les accords du pianiste ricochent sur la pulsation du bassiste : nous entrons au Birdland, club mythique qui va revivre le temps de cette pièce musicalo-théâtrale « Nica’s Dream » au théâtre de l’Opprimé.
Nica’s Dream ou la rencontre des réponses que Nica [1], mythique égérie du jazz des années be bop, classieuse héritière Rotschild, a obtenu des trois cents musiciens à qui elle l’a posée : « Si on t’accordait trois voeux qui devaient se réaliser sur le champ, que souhaiterais-tu ?  », rencontre avec le Caratini BeBop Quartet et un quartet de comédiens.

"Nica’s Dream" par Patrice et Louis Caratini.

Julie SAURY à la batterie, Patrice CARATINI à la contrebasse, Alain JEAN-MARIE au piano et André VILLÉGER aux sax ténor et soprano.
Excusez-du peu : cette jeune créature à côté de trois perdreaux pas vraiment de l’année vont nous interpréter avec fidélité, sincérité et leur touche à eux, de grands thèmes du patrimoine historique du jazz de cette époque. Qui n’a jamais entendu Blues March et les roulements furieux d’Art Blakey, Moaning, Nica’s Dream, Pannonica, Hètecétéra... ? Ils vont choyer nos oreilles et raviver un genre de nostalgie « C’était si bien avant...  »

Les comédiens, des perdreaux fin des années eighties-la génération suivante-, Renaud BOUTIN, Pierre-Antoine CHEVALIER, Benoît FELIX-LOMBARD et Olivier DOTE-DOEVI vont avoir la rude tâche d’équilibrer cette présence musicale intense et savoureuse.
Donc crapahuter dans la salle, gradins et espace scénique compris, vociférer ici et là, se réunir, se séparer, tenter de faire réagir le public, créer l’illusion que acteurs, musiciens et spectateurs ne font qu’un. Ils utilisent nombre de ficelles ( et parfois des cordes à noeuds ) pour faire vivre ces voeux des jazzeux qui viennent à point en ce début de janvier pour ceux qui manqueraient d’idées.

Les musiciens de jazz et leurs trois voeux.
Editions Buchet-Chastel - 2006

Mon voisin de gauche ( à gauche de moi... ) susurre : « ces gamins ont la verdeur du raisin vert », ma voisine de droite ( à droite de moi... ) se pâme : « oh, la poitrine du black et le look british de la grande asperge » : il y en a pour tous les goûts. Nous les applaudissons avec toutes nos mains.
Comme en Avignon, rue des Teinturiers, les acteurs deviennent déménageurs et enlèvent les ingrédients de l’illusion achevée pour laisser place nette au spectacle suivant, dans une demi-heure. Il est vingt heures trente : une grande soirée en perspective pour dévorer le dernier roman d’Ingrid ASTIER, « Angle mort  » qui commence par : « Les armes, c’est comme les femmes, on les aime quand on les touche ». Histoire de rester dans l’ambiance.


À lire aussi sur CultureJazz.fr :

  • "Les musiciens de jazz et leurs trois voeux" chronique du livre paru en 2006 - (par Jacques Chesnel - 12/2006).
    Pannonica De Koenigswarter, "Les Musiciens de jazz et leurs trois vœux" : Propos recueillis et photographies, Paris, Buchet/Chastel Meta-Editions, 2006, 318 p. (ISBN 2-283-02038-7).
  • Nica’s Dream - À propos du projet de Patrice et Louis Caratini - (par Denise Giard - 11/2012)

> Liens :

[1Pannonica de Koenigswarter - 1913/1988 - ndlr