Une carte blanche à Thomas de Pourquery à l’Atelier du Plateau (Paris) réserve inévitablement des surprises ! Alain Gauthier y était...
Il leur avait dit : « Venez, venez écouter et voir, c’est Thomas de Pourquery, LE Thomas de Pourquery. LE représentant officiel du Chauve Power, groupuscule capilotracté anti anti et pro pro. Carte blanche, de l’imprévu, des invités improbables, des qui seront dans la salle et va savoir qui est qui !!! Alors, vous venez ? »
Elles sont venues.
Ont vu.
Ont entendu.
N’ont pas été déçues.
En ont re-voulu.
Qu’elles n’ont pas eu.
Alors elles ont bu.
Pas de big band, pas de fanfare, pas de... ni de... en encore moins de... !!! Alors quoi ?
Un clavecin. Oui, lecteur, tu es bien sur un site dédié aux jazz multiples et non dans la rubrique musicale du bulletin paroissial confidentiel. Un clavecin. Devant lequel s’assiera BABX.
Un trombone, sa sourdine, un hélicon et une caisse claire. Avec Didier HAVET. Incontournable souffleur de gros tubes. Voyons voyons, avec « Treize à la douzaine », c’était en quelle année déjà ?
Un tom basse, des mailloches, un micro. Pour Thomas de POURQUERY. ZE Thomas. Qui aurait pu choisir un synthétiseur et une basse électrique. Non, ce n’est pas ce qu’il a préféré.
Il porte un magnifique ensemble noir en satin plastifié dont les plis renvoient au ras du filet des éclats de lumière à te léser le fond de l’œil. Par sa chemise échancrée jusqu’à la banlieue du nombril, des poils. Cet homme n’est pas épilé !!!??!!
Au menton, sa barbe rousse habituelle-les-sanglots-longs-des-violons-etc...
Aux pieds, des tongs blanches. Ça en jette.
Ses acolytes arborent un look propre sur eux, entre je-sors-du-boulot-bien-sûr-que-je-me-sape ( Didier Havet ) et oui, je bosse à la créa, pas mal le noir ton sur ton non ( Babx ).
Cette carte blanche sera dédiée à l’œuvre de Jean-Luc LE TÉNIA, auteur-compositeur-interprète d’environ 2000 chansons et à son univers désopilant, naïf, tendre, cruel, vrai. LE TÉNIA auto-proclamé meilleur chanteur français du monde. Du genre qui s’accroche, solitaire et têtu.
La brièveté de certains textes renvoie illico à Brautigan et sa plus petite tempête de neige du monde tels :
Laurent Boyer met du mascara et moi je mange du tarama ( couplets et refrain inclus ),
« Jean-Luc-Jean-Luc-Jean-Luc-Jean-Luc-Jean-Luc-Jean-Luc-Jean-Luc-Jean-Luc-Jean-Luc-Jean-Luc-Jean-Luc-Jean-Luc-Jean-Luc-Jean-Luc-Jean-Luc-Jean-Luc-Jean-Luc-Jean-Luc » dont il n’est pas impossible d’imaginer que la répétition ad infinitum se termine par une déformation des paroles ( oui, lecteur, vazy, répète, reste vigilant, note tes trouvailles dans la rubrique « commentaires, merci ).
D’autres sentent le « tube » que les programmateurs n’ont pas su repérer :
Le ver luisant,
Les chaussettes de bébé,
Enfonce le clou,
Fais-moi un poutou (avec un invité surprise en la personne de Fred Poulet, chanteur,
et d’autres enfin, comme des cris d’une lucidité aveuglante :
je deviendrais vieux si tu me quittais des yeux,
mon dieu que j’aime le succès,
je me sens tellement bien quand tu me prends pas la main,
je pense tous les jours à me suicider ( ce qu’il a fini par faire.. )
et le terrible et si vrai « croque-monsieur ».
Le trio la joue minimaliste : pas de traversée véhémente de la scène, de micro renversé ou de guitare piétinée mais des gestes mesurés au pied à coulisse, des commentaires, blagues et saillies retenus ( il y a un enfant dans la salle ), les tongs claquent, les clapets de l’hélicon clapent, un théâtre d’ombres habite le mur. Rien de trop, rien de trop peu. Ces mecs se mettent au service de l’univers du ténia, euh pardon, de Le Ténia. Des passeurs en quelque sorte. Plein de respect pour l’homme, disparu en 2011 et son œuvre étonnante et touchante.
Deux soirs de suite à l’Atelier du Plateau mais ni Bercy ni Zénith au programme. Peut-être le Off en Avignon ? Un jour ? Ou l’autre ? Ou pas ?
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