Un rendez-vous des grandes formations.

En Automne, à Auxonne, c’est Jazz’O’Saône !……

Quelle bonne idée d’organiser un festival de jazz en tout début d’automne, en dehors des mois d’été déjà copieusement garnis de multiples festivals de jazz et autres réjouissances musicales.

Dans la plaine, sur le bords de la Saône, en Côte d’Or, à la limite de la Bourgogne et de la Franche-Comté, siège une ville plutôt mignonne : Auxonne.
La capitale du Val de Saône compte près de 8000 habitants, ville historique qui possède depuis longtemps un riche patrimoine militaire. Napoléon Bonaparte y séjourna et y apprit son métier de militaire...

Une initiative "jazzistique" qui est le fruit, disent les organisateurs, d’un renouveau du jazz.

L’Office de la Culture d’Auxonne (association loi 1901) a créé, il y a juste un an une "Commission Jazz ". Celle-ci est chargée d’imaginer puis d’organiser un festival de jazz digne de ce nom à Auxonne avec le soutien du Centre Régional du Jazz en Bourgogne. La particularité ? Inviter uniquement des grandes formations (ou big-bands), mais ce nouveau festival devra aussi innover, mêler à cette occasion des formations de jazz professionnelles et des formations d’amateurs… un vrai challenge pour les organisateurs locaux.

En Automne à Auxonne !….

C’est ainsi qu’est né les 20 et 21 septembre 2013 le premier festival « Jazz’O’Saône, le rendez-vous des grandes formations ».

Au total, plus de 100 musiciens, jazzmen professionnels et amateurs vont se succéder sur la grande scène de la Salle Événementielle d’Auxonne.
600 personnes de la région ont fait le déplacement pour assister à ce premier festival : déjà un franc succès pour les organisateurs de l’association d’Auxonne, et un bel encouragement à penser puis à préparer une deuxième édition en automne 2014.

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> Vendredi 20 septembre 2013 :

Crazy Jazz Band de Tavaux - Auxonne, sept. 2013
© Jacques Revon
© Jacques Revon

Le premier grand ensemble sur la scène de ce premier Festival, le Crazy Jazz Band de Tavaux, est dirigé par Karine Lavrut !

Ce groupe, né en 1993 à Fraisans dans le Jura, rassemble 24 musiciens amateurs dont trois choristes (un homme et deux femmes). Ambiance de pays chaleureuse et très belle interprétation des morceaux choisis grâce à des arrangements léchés.
La direction est solide et la fin des morceaux est nickel !
Parmi les musiciens de ce Big Band, une très jeune trompettiste de 9 ans. Ce soir là, elle vivra son premier concert au pupitre. Elle joue de ce cuivre depuis l’age de trois ans, c’est la fille de la « chef ». Son père fait aussi partie de la formation au pupitre des saxophones ainsi l’un de ses frères...
Au programme, des standards : Georgia on my mind, Caravan, What a wonderful world, The lady is the tramp... et pour finir Freedom !

Deuxième partie : le Grand Orchestre de Jazz de l’Armée de l’Air.

Ce big-band a été crée en 2005 et, autant vous le dire tout de suite, la formation va être dissoute après 10 années de bons et loyaux services, au premier janvier 2015 dans le cadre de la loi programme militaire. Vous le savez, il va falloir réduire sérieusement les effectifs. Le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale 2013 prévoit de nombreuses suppressions de postes...
La Musique de l’air compte au total 144 personnes dans ses rangs. (Dont le Big Band, une Harmonie, et un Brass Band). Au total ce sont 29 musiciens qui devront donc partir. Pas de chance, déjà fort de ses 14 musiciens le Big Band va donc disparaître.

Grand Orchestre de Jazz de l’Armée de l’Air - Auxonne, sept.2013
© Jacques Revon
© Jacques Revon

Ne faisant malheureusement que très peu de concerts en France en une année, la participation du big band au premier Festival d’Auxonne, prend du coup une tout autre dimension, c’est donc malheureusement l’un de ses tout derniers concerts. Je dis malheureusement car ce concert sera un vrai délice ! Au programme, un hommage à Charlie Mingus !
Est-il besoin de présenter Stan Laferrière, le chef de la formation ? Né en 1962, premier prix au CNR de Paris en 1980, pianiste, compositeur, arrangeur, il a été récompensé 7 fois par l’Académie du Jazz et par les Djangos d’Or.
À son actif déjà 400 arrangements originaux et compositions pour big band. Il crée son tentet en 1992, joue également de la guitare, de la batterie et il chante aussi.
Cette veille d’Automne à Auxonne, il va diriger de main de maître son big band, avec le sourire et dans la bonne humeur. Encore un grand monsieur !
Pendant plus d’une heure, ça sonne, ça groove et quel répertoire !
Anecdote : à la contrebasse pour cet hommage, une "nouvelle" dans l’orchestre ce soir là : elle s’appelle Nowen Le Dauphin. Au pied levé elle va remplacer le titulaire du pupitre. Il faut le faire ! Et Stan tient à préciser au public : « elle n’a eu que trois heures pour découvrir tout le programme, d’ordinaire elle joue dans l’Harmonie de l’Armée de l’Air »… J’ajoute qu’elle aura en plus, la responsabilité de trois intros dans ce répertoire. Madame, vraiment vous avez été grandiose et on était scotché.

Stan Laferrière / Big Band de l’Armée de l’Air - Auxonne, sept. 2013
© Jacques Revon
© Jacques Revon
Les saxophones du Big Band de l’Armée de l’Air - Auxonne, sept. 2013
© Jacques Revon
© Jacques Revon

Les solistes qui vont se succéder en prenant les chorus sont tous de très grands musiciens. Bien sûr, me direz-vous, c’est leur métier ! Certes, mais quand même, en sachant que l’on va se retrouver dans quelques mois « intermittent du spectacle » il faut tout sans doute avoir au fond de ses tripes, une vraie passion pour le Jazz.
Après le bis : « Nostalgia in time square » et pour finir, Stan Laferrière demande à tous les musiciens du Big Band de Tavaux de bien vouloir monter sur scène, pour une photo de famille avec ses musiciens. Classe !
Chapeau Messieurs ! Ce soir vous avez fait plaisir à celles et ceux qui pratiquent le jazz, petits où grands et au public de la région qui s’est déplacé pour ce tout nouveau festival.

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Samedi soir 21 septembre 2013, trois formations au menu.

Cette deuxième soirée débute par une prestation du Big Band de Longvic « l’JBB », créé en 2003.

l’JBB big band - Auxonne, sept. 2013
© Jacques Revon
© Jacques Revon


Dix années plus tard, cette grande formation s’est quelque peu métamorphosée et professionnalisée. La grande majorité des pupitres sont tenus maintenant par des professionnels, (professeurs de musique, étudiants au Conservatoire de Région, d’ailleurs le chef, Luc Bouhaben, enseigne lui aussi. Du coup, ils font le choix d’un répertoire aux plus grandes difficultés. Mise en page calculée avec une distribution des rôles sans doute plus pointue et punchy comme en témoigne les compositions et arrangements de l’américain Gordon Goodwin.
Particularité aussi pour cette grande formation bourguignonne de 18 musiciens : donner une grande place à l’interprétation d’arrangements écrits pour le soutien d’une choriste. Ce qui permet à la chanteuse (Agnès) de pleinement s’exprimer.

Arrive maintenant l’heure de la montée sur scène de l’OJJB, l’Orchestre des Jeunes Jazzmen de Bourgogne, une formation créée en 2010 par Frank Tortiller que lui, on ne présente plus (voir les articles sur ce site).

Orchestre des Jeunes Jazzmen de Bourgogne - Auxonne, sept. 2013
© Jacques Revon
© Jacques Revon
Orchestre des Jeunes Jazzmen de Bourgogne - Auxonne, sept. 2013
© Jacques Revon
© Jacques Revon

Ce soir là, en tournée à l’étranger, Frank est remplacé aux commandes par son ami trompettiste, Jean Gobinet(1) qui dirige 16 jeunes musiciens, tous âgés de 18 à 25 ans. Ils ont le statut de pré-professionnels, étudiants de troisième cycle,de cycles spécialisés, ou inscrits en classe de jazz, souvent d’ailleurs dans un Conservatoire de Région où au Conservatoire national de Paris.
Au programme des ces jeunes jazzmen, (peut être des grands noms de demain), exclusivement des compositions écrites de leur main. Créations dans les tendances du jazz de maintenant, avec des influences multiples, des métriques impaires, mélange de styles, pop, rythm’n’blues, funk !
Une musique exigeante certes mais je vous l’assure pas du tout hermétique.

Pour ce festival, sept morceaux sont donc au programme, à chaque chorus on sent déjà la « patte » et la maîtrise des solistes.
Volontairement je ne mettrai pas untel en avant plus qu’un autre. Il y a visiblement un très bon esprit chez ces jeunes, du respect, ça se sent, ça fait plaisir à voir et à entendre. Je parlerai ici d’une réussite commune, de beaux fruits engendrés par un vrai collectif.
Même lorsque le créateur (Frank Tortiller) n’est pas là, ça tourne et groove pour le plus grand plaisir des spectateurs.

Il se fait tard, et ça va encore chauffer...

Il est plus de minuit, place maintenant à un tout autre genre de collectif, les organisateurs l’ont voulu ainsi, j’ai nommé les TonTons Bringueurs Orchestra (TTBO). Voyez le genre ?

TonTons Bringueurs Orchestra - Auxonne, sept. 2013
© Jacques Revon
© Jacques Revon

Imaginez : ils et elles ont entre 30 et 40 ans c’est déjà pas mal, et la force de l’age, enfin c’est ce que l’on dit. Tous viennent d’ailleurs du beau pays de la Côte de Beaune, histoire d’en faire saliver quelques uns et quelques-unes parmi vous. Ceux-là ne sont pas nés de la dernière grêle et ils ne doivent sûrement pas sucer de la glace au pays des grands crus.

Les voilà, ils apparaissent sur la scène pour une soirée dite « pyjama ».
Lorsque le rideau s’ouvre, tous semblent dormir, c’est vrai qu’il est tard, mais que d’un œil et d’un seul coup, ils se lèvent, habillés en pyjamas disparates et multicolores. Ça vaut le détour ! Et c’est parti... 23 musiciens complètement déjantés sont là pour clôturer ce premier festival des grandes formations, faut le faire !

« En fait », comme on dit maintenant le TTBO est une fanfare festive, déambulatoire, qui un soir et en pareille circonstance n’hésite pas à « mouiller le pyjama ». Ambiance assurée !
Le collectif enchaîne à toute vapeur et sans transition des musiques balkaniques, celles du Splendide, du disco fanfaronnard, des musiques de film genre 0SS 117 et tout ça à fond la gomme ! Histoire de rester réveillé le plus longtemps possible mais, avec ces zozos là, jusqu’à qu’elle heure ?

Moi, j’avais encore une bonne demi-heure de route pour rentrer au bercail, et la fatigue se faisait un peu sentir alors j’ai doucement plié mes appareils et rangé mon stylo et je me suis gentiment éclipsé discrétos sur un air de trombone mélangé au tuba, pimenté d’accordéon et de cuivres complètement endiablés jusqu’au bout de la nuit….. Quelle fanfare, quelle soirée et quel festival !

Avis aux formations qui liront ce papier et qui souhaiteraient participer à la prochaine édition de ce festival : n’hésitez pas ! Nous avons vécu de très bons moments de jazz, et bravo pour ce premier jet.

1- Ce soir là en tournée à l’étranger, Frank est remplacé aux commandes par son ami Jean Gobinet, trompettiste, professeur au Conservatoire d’Orsay, arrangeur chevronné après son travail avec Ludovic Bourse pour la musique du film « The Artist » et de nouveau pour l’orchestration d’un film TV pour la chaîne américaine HBO TV, avec LARRY DAVID ou encore plus récemment, pour ses arrangements destiné au grand orchestre symphonique qui a enregistré la musique de Vincent Artaut, pour le dessin animé « Oggy et les Cafards ».


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