À la Vapeur, Malcom enflamme....

C’est à l’age de 13 ans que le jeune Malcolm BRAFF, fils de Pasteur évangéliste, arrive en Europe.
Né à Rio de Janeiro, le pianiste Malcolm BRAFF, grandit au-delà des frontières, il est bercé dès sa tendre enfance par les musiques chaudes, multiples et variées qu’il entend ici où là.
Son père, missionnaire, y est forcément pour quelque chose lui qui par ses affectations successives, va guider le petit Malcolm dans deux, puis trois continents à chaque fois riches de rythmes sonores endiablés, de Rio de Janeiro au Cap Vert en passant aussi par Dakar et ce jusqu’en Europe.
L’Amérique du Sud et l’Afrique comme terres initiatiques, que demander de mieux pour bien grandir musicalement ?

Malcolm Braff, Reggie Washington & Lukas Koenig - Dijon, oct. 2013
© Jacques Revon
© Jacques Revon

Aujourd’hui quadra, Malcolm vit en Suisse. Cet artiste à la forte personnalité n’hésite jamais à faire parler de lui.
Dès l’age de 5 ans, il étudie déjà le piano classique et c’est à 20 ans, au bord du lac Léman, à Lausanne, qu’il va vivre son premier concert.
Amoureux de l’improvisation, du free et de l’urgence de l’instant musical, le pianiste affectionne John Coltrane, Thelonious Monk, et Keith Jarrett. Ces musiciens lui parlent...
Malcom Braff transmet sa passion et enseigne depuis quatre ans, à la Haute École de Musique de Bâle.
Le musicien à la belle et très longue barbe cendrée, aux yeux malicieux, bâti comme un roc, dit avoir créé un concept musical très personnel, un nouveau solfège rythmique basé sur des phrases métriques qui lui sont propres. Les micros pulsations non euclidiennes sont, dit-il : « une façon de tordre l’espace » !

Malcolm conçoit intellectuellement sa musique, la construit, la démonte puis la remonte au moment même où l’on ne s’y attend pas, certes il vous la propose, mais c’est sans doute son côté missionnaire qu’il vous transmet et qui vous donne cette joie et cette envie de groover avec lui.
Son jeu pianistique très percutant est issu d’un fort ressenti corporel. Les multiples vibrations acquises dans sa jeunesse africaine ressortent avec les rythmes gnawas comme dans, Mantra, Yay (hommage à Yaya Ouatara) puis Berimbau (de Baden Powell, interprétée par le très regretté Claude Nougaro sous le titre "Bidon, bidonville"). Sur une toile de fond binaire se superposent les rythmes multicolores ternaires, vous êtes totalement emporté, impossible de résister à cette montée de transe indienne.

Avec ses deux musiciens complices, va naître « INSIDE ».

Reggie Washington - Dijon, oct. 2013
© Jacques Revon
© Jacques Revon

Comment alors, faire partager à d’autres musiciens, une telle musique ?
Surprenante, à la fois déroutante et "barrée", tellement riche. La solution, Malcolm va un jour la trouver. C’était il y a un peu plus de deux ans.
Sur scène, à la basse électrique se profile Reggie Washington, totalement maître de son instrument, impassible, sûr de lui, précis, constamment en communion avec ses deux partenaires. Des States, le musicien s’est un jour, lui aussi, expatrié, "exilé" à Bruxelles. Reggie et Malcolm enseignent aussi ensemble dans des Master Class.

Malcolm me raconte…..

Un jour, lors d’un voyage en Autriche à Vienne, ils rencontrent parmi les élèves inscrits dans leur atelier, celui qui quelques temps plus tard les rejoindra pour former avec Reggie le nouveau trio de Malcom Braff.
L’étudiant surdoué s’appelle Lukas Koenig, c’est un tout jeune batteur de 22 ans, venu pour encore apprendre, et parfaire ses connaissances rythmiques.
Après les cours, le très jeune Lukas en veut d’avantage, il bavarde avec Malcolm, très vite le courant passe, au point que ce "young drummer" décide d’aller approfondir le travail rythmique particulier de Malcolm carrément chez lui, en Suisse. Ils joueront ensemble, puis ce sera le déclic fondateur du nouveau trio.
En 2011, donc, le nouveau Trio de Malcom Braff voit le jour et monte sur scène, le premier fruit s’appelle "Inside".

Lukas Koenig - Dijon, oct. 2013
© Jacques Revon
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Trois concerts en Bourgogne avec le soutien du CRJ de Bourgogne. A Auxerre, Dijon, Mâcon.

A Dijon, dans la petite salle feutrée de la Vapeur, tout à fait adaptée pour vivre et entendre le jazz, les yeux de Lukas ne quitteront pas une seule seconde, ceux de son maître Malcolm, attitude impressionnante que ce jeune et déjà grand batteur, offre au public, franchement énorme ! Sa dextérité et son endurance physique sont à couper le souffle. Comment ne pas être pris par son jeu, celui de ses deux baguettes hypnotiques, ô combien magnifique dans Dance of the planets.

Malcolm, c’est l’énergie à l’état pur. Sur les touches blanches et noires qu’il frappe avec une précision diabolique, l’helvéte développe ses mélodies, avec ses micros-rythmes multiples, sa musique devient mystique, véritable "philosophie Malcolmienne" celle qu’ont épousée totalement les deux autres musiciens. C’est du lourd ! Une musique puissante, engagée et incantatrice (Empahy for the devil), sacralisée comme des gospels (The mirror), avec quelque part l’empreinte du pianiste sud africain Abdullah Ibrahim.

Malcolm Braff - Dijon, oct. 2013
© Jacques Revon
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Enfin, bien assis au centre de la scène, Reggie, d’une intelligence harmonique et rythmique époustouflante, véritable métronome humain et d’ailleurs lui aussi hors norme, régale par sa classe et son doigté assuré les 80 spectateurs présents à la Vapeur. Sa remarquable présence équilibre ce débat unique, composé de couleurs, de mélodies et de rythmes venus de partout et d’ailleurs.
"Inside" : un album à écouter absolument et sans modération et si le trio Malcolm Braff passe près de chez vous, alors n’hésitez pas : foncez !!

Reggie Washington - Dijon, oct. 2013
© Jacques Revon
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Malcolm Braff - Dijon, oct. 2013
© Jacques Revon
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Lukas Koenig - Dijon, oct. 2013
© Jacques Revon
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La Vapeur (Dijon - 21) - vendredi 18 octobre 2013 à 20h00 - Malcolm Braff : piano, compositions / Reggie Washington : basse / Lukas Koenig : batterie.

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