et le Mississipi, t’en dis quoi ?

Quinze jours par an et pour la quinzième fois cette année, le Festival Blues sur Seine implanté à Mantes-la-Jolie et irriguant les communes avoisinantes, charrie le long de la vallée de la Seine un faux air de Mississipi.

Le blues, c’est roots et ce soir, dans l’église de Mézy sur Seine où il fait un froid de gueux ( t’attrapes la mort et t’es déjà sur place pour ta messe de requiem ), LURRIE BELL, guitare et chant et son partenaire RUSS GREEN, harmonica et chant, nous embarquent pour un récital chicagoan blues.
À propos de roots ( les racines ), juste avant, une poignée d’enfants nous donne à entendre, à la voix et à l’harmonica, le fruit des six répétitions où ils se sont initiés au blues. Une matière épatante de semer de la graine qui se développant, blablabla... racines. Roots.

Lurrie Bell

Donc Lurrie BELL.
Son éclatant sourire édenté, sa voix comme une râpe sur un gruyère affiné trente mois et la première grille ( II-V-I ) d’un vrai blues moulé à la louche avec Every day I have the blues : on y est. Manquent le cruchon d’alcool de maïs au pied de sa chaise, la clope qui se fume toute seule sur le bord de la scène et une paire de plantureuses créatures ondulant du bassin dans une promesse d’after concupiscent. Oui, dans une église, concupiscent, confesse, cénobite, etc..., relèvent du champ lexical pertinent. Maurice dieu, t’avais qu’à mettre du chauffage.
Difficile de repérer quels titres Lurrie BELL donne à ses chansons tant son accent à couper à la tronçonneuse décourage les souvenirs parcellaires des cours d’anglais de jadis et avant.
Mais on revisite tous les épisodes noirs de nos vies, ces thèmes éternels et du blues que sont :
woooh, ma femme s’est tirée avec un routier et ma collection de CD
Maman, t’es dans ton cercueil, j’suis en deuil,
Poor baby viens voir papy
Mon patron m’est tombé dessus, j’étais au paradis avec Suzy
Secoue-la, chérie !!! (la traduction de Shake it baby, non ? ).

Ces deux gars passent du blues hyper lent, façon escargot au saut du lit au blues enlevé en forme de boogie, tentent un clin d’œil à Clapton Unplugged, font flotter Muddy Waters ici et là, y vont d’un blues plus qu’enjoué qui annonce le rock. Pas le temps de s’endormir, ça enchaîne my heart. Russ chante à son tour avec Lurrie Bell en redoutable sideman qui n’ignore aucune des manières de faire courir ses doigts le long du manche dans le registre pur et dur du blues.

Applaudissements, rappel.
Les courageux s’en iront dans la nuit rejoindre l’hôtel-bar où un bœuf endiablé, chaleureux, tonique et international va empêcher les clients de pioncer un long moment.
Yeah, come on, baby,
kiss me
kiss me.

Lundi 18 nov. 2013, 20h30 - Lurrie Bell à Mezy-sur-Seine (Église) ans le cadre du festival Blues Sur Seine.


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