Zone Temporaire d’Autonomie

Un bus hors d’âge s’arrête en brinqueballant sur le parking au pied du bistro-resto-casse-croutes-à-toute-heure-de-la-nuit, La Clairière du Roy. Il n’est pas sans rappeler le bus des Merry Pranksters à ceci prés qu’on y fonctionne plutôt au chouchen bio et à l’alcool de figues. En descend une troupe ankylosée qui va vers le bar comme un chameau vers l’oasis, la langue à demi pelée. Quand chacun a refait ses niveaux, la bonne humeur et l’humectation s’entretiennent dans une boucle récursive du genre je te tiens par la barbichette, le premier qui va chercher son instrument invite le second à l’imiter. Et voilà que La clairière du Roy se transforme en zone temporaire d’autonomie qui pourrait s’appeler : Chez Anaïs, L’Estaminet, l’Embuscade, Le Dromadaire aimable, Au bord du Rû... Et la salle s’enflamme dans un vertige de mixité trans-régionale, trans-nationale, transpirante, transe toujours tu m’intéresses.

L’Occidentale de Fanfare vient de s’y mettre et oublie ton nationalisme bas de plafond, ta haine de l’autre et donc de toi, laisse aller : c’est une gavotte... revisitée jazzyrootsgroovefunky ; L’Occidentale de Fanfare qui rassemble Claude BARTHÉLÉMY guitare et oud, compositions et orchestrations, Fred POUGET clarinettes, compositions et orchestrations, Claude BARRAULT trompette et bugle, Gilles CHABENAT vielle électroacoustique, Anne COLAS, flûtes et fifre, Maurice FARI, batterie, Anthony MASSELIN cornemuses irlandaises et écossaises, Stéphane PELLETIER sax baryton, Christophe RENAUD tuba et trombone, Guillaume SCHMIDT aux sax ténor, alto et soprano, Pierre FLEYGNAC au son et Stéphane GUILBOT aux lumières.
Ah les puristes du jazz vont s’arracher la moumoute et les faux cils : kouahhhh une gavotte ? pourquoi pas un plin’ ou un jabadao ? Voire une mazurka, une polka ou un fandango ?
Eh oui, une ambiance de fest noz, de concours de cabrettes, de pub irlandais un soir de match des six nations, de feria, la vraie vie qui dégouline à pleins tuyaux. Parce qu’il y a beaucoup de souffleurs, fanfare oblige. Le petit truc qui va bien, l’idée, l’Idée : une vielle à roue électroacoustique (une manivelle et du courant dedans). Mazette. Avec ses voisines, les cornemuses. Du coup, leur son aigrelet rappelle la pointe de citron qui vivifie la poêlée de Saint Jacques, sans atteindre l’overdose d’acidité qui ferait « pisser un chat par la patte ». On aurait pu enlever les chaises, y’en deux, là, des gamines, qui attrapent la danse de saint Guy et gesticulent pile poil dans le mouv’.
On a écouté La fête de l’eau, Sur les bords du Scorff, (d’aprés Shakespeare ) dis-moi où, Gavotte out and out, et pour terminer, Mounir.

Et d’autres encore. Valse, funk, gros son, légèreté, conversations à deux, joli soli, ils nous ont tout fait. Et on s’est régalé.

Claude BARTHELEMY & L’OCCIDENTALE DE FANFARE : "LE PONT DU SCORFF"
Le Triton (Les Lilas 93), samedi 18 janvier 2014 à 21h00


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