Le Thor (Vaucluse). Une fin d’après-midi en clin d’œil au toulousain disparu il y a 10 ans. Sur scène : Ceccarelli - Linx - Imbert - Goualch
Après le premier opus "Le Coq et la Pendule" qui a tourné pendant deux ans (entendu au JazzUp d’Avoriaz en 2012, veinarde que je suis !),voici le nouveau projet du chanteur David Linx, du batteur André Ceccarelli, du pianiste Pierre Alain Goualch et de Diego Imbert le contrebassiste. Ils ressuscitent et revisitent Claude Nougaro de façon minutieuse et audacieuse dix ans après son départ en 2004. Le CD est sorti en octobre dernier sur chez Just Looking Productions distribué par Harmonia Mundi.
David Linx (bientôt un demi-siècle !), est un chanteur belge au riche parcours (Lien vers France Culture ci-dessous). Son amitié avec Nougaro date de loin et le chanteur toulousain, dont on connaissait le goût très tôt pour les rythmes de jazz l’avait pris sous son aile ("Le jazz et la java" date de 1962 et son album posthume consacré au jazz "La Note bleue", avec Linx comme invité d’ailleurs, est sorti en 2004).
Je voue une passion non dissimulée pour David Linx dont j’adore la voix et le style et mon billet était réservé de longue date. J’ai eu le privilège et bonheur de venir faire les photos à la balance grâce à Diego Imbert ! Ma passion pour Nougaro est ancienne. Je l’ai entendu au Théâtre Antique de Vienne en 2001 et au Summum de Grenoble (où je me souviens encore de l’immense ferveur, poésie alternant avec musique et jeux de mots). Ce concert ne pouvait que me plaire !
Le concert commence en trio puis David Linx apparaît, tout en longueur, habillé en rouge et noir comme Diego Imbert alors que Dédé Ceccarelli et Pierre Alain Goualch sont tout de noir vêtus. La magie commence avec un inédit "A NousGaro" (paroles de David Linx et musique de Pierre Alain Goualch) puis "Dansez sur moi" et "Sur l’écran noir des mes nuits blanches"
Plusieurs inédits ont été transmis par Héléne Nougaro. Chaque musicien se les est appropriés Nous en entendrons un ce soir, sur une musique magnifique proposée par Diego Imbert : "Une femme marche vers toi", bouleversant morceau que Nougaro aurait certainement apprécié. Je n’ai pu m’empêcher de penser que cette continuité, c’est peut-être cela qu’on appelle la Vie éternelle ?
Le rythme des mots et de la musique étaient merveilleusement là. En fermant les yeux, la voix différente de Linx prenait même l’accent toulousain ! Ses scats suivaient la batterie de Dédé dans toutes les variations endiablées de tempo ("Une petite fille", "Cécile" bien sûr !),puis "A bout de souffle", adaptation du "Blue rondo à la Turk" de Dave Brubeck, défi hallucinant superbement relevé par Linx !
Viennent ensuite "Les mots", morceau fétiche que Linx chante depuis que Nougaro était venu le voir dans sa loge un soir qu’il donnait un concert avec Daniel Mille et Daniel Goyone à Toulouse. Il le chante en solo dans le dernier CD de Nougaro d’ailleurs,"La Note bleue", accompagné du balai imparable de Ceccarelli qui chantonne. Franchement, les larmes viennent aux yeux ! Nougaro plane au dessus de nous et Linx est tout simplement extraordinaire dans cette interprétation. Il l’habite totalement...
Une des plus belles chansons de Nougaro ! Écoutez-la, interprétée par David Linx sur Youtube.
Après un solo de batterie, entre en scène un slameur de Philadelphie,Marlon D.Moore pour le morceau "Shaman", belle réponse franco-américaine à l’Amour Sorcier ! Suivent "Il faut tourner la page"puis "Mademoiselle Maman" où Pierre-Alain Goualch nous fait la belle surprise de scatter dans un registre aigu incroyable ! Un très beau moment aussi.
Le concert ne pouvait pas se terniner sans "Rimes", également dans mon panthéon personnel... quoique tout Nougaro soit mon panthéon....
Après les applaudissements nourris, "Autour de minuit" clôture ce concert vraiment exceptionnel pour lequel l’Auditorium n’était pas complet à la différence des deux soirs précédents à Toulouse (évidemment !)...
La forte émotion resse,tie lors de ce concert était proche de la nostalgie je l’avoue. On ressentait à la fois la présence du petit taureau toulousain mais aussi son absence toujours douloureuse...
David Linx et André Ceccarelli étaient le trait d’union mais c’était aussi sans compter le grand talent du contrebassiste Diego Imbert, très introspectif et sensible (mon coup de cœur du Tremplinjazz d’Avignon en 2010) et Pierre Alain Goualch,pianiste talentueux aussi bien en leader qu’en sideman !
Profitez aussi de la première partie de l’émission Summertime d’Elsa Boublil du 2 mars dernier, qui terminera cette chronique en chantant ! (écouter ici - jusqu’au 25/11/2016)
Le Thor (84), Auditorium Jean Moulin / Arts Vivants en Vaucluse - Dimanche 23 mars 2014 – 18h30 – « àNOUsGARO »
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