Dans le cadre du Festival Banlieues Bleues, Benoît Delbecq et David Lescot présentaient le spectacle "Tout va bien en Amérique", le 1er avril 2014.
> mardi 01 avril - 20h30
Festival Banlieues Bleues Espace 1789, à Saint-Ouen
"Tout Va Bien En Amérique" Un essai théâtral et musical de Benoît Delbecq et David Lescot
La seule certitude que l’on ait avec les musiques du continent américain c’est qu’elles sont la résultante d’une histoire, d’une tragédie qui va de l’extermination quasi totale d’une myriade de peuples et de leurs modes de vie à la mise en esclavage d’une autre population importée par la force d’Afrique, le tout par les européens. Souvenons nous des paroles de Montesquieu : « Les peuples d’Europe ayant exterminé ceux de l’Amérique, ils ont dû mettre en esclavage ceux de l’Afrique pour s’en servir à défricher tant de terres. »
De ce cataclysme schizophrénique pervers et halluciné né en 1492, ont émergé, entre autres choses, des musiques profondément humaines, du cri à un art innovant, qui se sont répandues dans le monde. On dira : juste retour des choses.
Le jazz nous fait rêver. Pour certains empli qu’il est de clichés primaires et superficiels sur le bonheur du swing, ou sur la douleur. Pour d’autres, un art musical radical dont il faut aller chercher la signification au fond de l’âme pour mieux le ressentir, une quête sans fin, image d’une société ultra-violente qui nous fascine en bien et en mal et pour laquelle personne n’est dupe à moins d’être naïf. Non tout ne va pas bien en Amérique comme dans bien d’autres pays mais les USA dominent le monde, nos yeux se sont tournés vers ce pays.
De cette histoire on peut tirer un oratorio slammé, chanté, un essai théâtral comme nous l’ont proposé Benoit Delbecq et David Lescot sur des images détournées par le vidéaste Eric Verhnes, mais il est bien difficile de faire passer un message aussi vaste en 1h30. On voudrait une fresque puissamment scénarisée ou alors une musique simplement jouée. Le message se doit d’être subtile, fort et il ne suffit pas de dénoncer quelques injustices que nous connaissons tous, pour le sentir passer dans nos chairs. Le talent des musiciens n’est pas en cause ici, ils sont tous formidables, ni celui des comédiens (sublime Irène Jacob, ici actrice-narratrice). Non, le problème est plutôt d’ordre mécanique, scénique, le liant ne prend pas et nous avons alors droit à une série de scènes théâtrales et musicales qui se juxtaposent dans une continuité qui semble forcée.
Dommage.
Certes l’exercice est difficile. Alors donnons la parole aux poètes, à un simple blues de Big Bill Broonzy ou comme disait Tĥatĥanka Iyotĥanka (Sitting Bull en anglais, Bison Assis en français) évoqué dans ce spectacle : « Les paroles des Blancs sont écrites sur de l’eau. »
> "Tout va bien en Amérique" (teaser sur Vimeo) :
Tout va bien en Amérique - teaser from Théâtre des Bouffes du Nord on Vimeo.
Steve Arguelles batterie et électronique, D’ De Kabal narration, chant et personnages multiples, Benoît Delbecq direction musicale, piano, claviers, électronique, Irene Jacob narration, chant et personnages multiples, Ursuline Kairson chant gospel et narration, Mike Ladd slam, narration, claviers, Franco Mannara guitares, chant et narration, David Lescot mise en scène, Eric Vernhes scénographie, cinéaste, électronique, Sylvette Dequest costumes.
Équipe technique : Linda Blanchet assistante à la mise en scène, Éric Blévin régie générale, Gérald Caldas régie lumière, Thierry Cohen régie son, Paul Beaureilles lumières
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