Ce disque nous fait le coup du verre à moitié plein et du verre à moitié vide. Bilan cependant plus que positif.
Récemment, j’ai écrit que l’histoire du jazz s’était faite à coups de révolutions et d’évolutions. Un génie, une école tous les 10 ans environ. Puis après la Fusion ( ou Jazz Rock ), plus rien. Comment plus rien ? Le jazz est maintenant à l’heure du Monde, du métissage, du brassage, de l’intégration de la musique israélienne et arabo-andalouse surtout. Pas de nouveau génie du jazz ? Et Wayne Shorter me direz-vous, moi le premier. Oui, mais cela dure depuis si longtemps. Wayne est un OVNI, il est d’une autre planète. Quand il voyage c’est sur son tapis volant. Il est une espèce de nouveau Thelonious Monk.
J’avais beaucoup aimé la prestation d’Omer Avital au dernier Nice Jazz Festival et ce disque confirme ses qualités de musicien, de compositeur et de leader. Si on doit le qualifier par un mot, c’est enthousiasme.
Le texte de pochette de mon estimé camarade Vincent Bessières, très prolifique en ce temps où les abeilles reviennent, est exemplaire, je cite : « Au retour de New York, il remonte à ses racines ancestrales, yéménites par sa mère et marocaines par son père. Ce patrimoine mizrahim, sera longtemps méprisé en Israel du fait des porosités qu’il entretient par la force des choses avec la culture arabe ». Du reste, le groupe du formidable pianiste Omri Mor ne se nomme-t-il pas Andalou Jazz Project ?
Le susnommé disque New Song n’échappe pas à cette règle. Des titres comme Hafla ( qui n’est pas sans rappeler le Shahar d’Omri, justement ), aussi celui au nom bizarre Small Time Shit , ce blues oriental, et Yemen Suite, une belle mélodie, nous rattachent à l’idiome. Mais ce qui me transporte particulièrement, ce sont ces deux compositions médium lentes à la beauté sombre, à la tendresse grave Sabah El-Kheir et Ballad for a Friend, à l’intro "ériksatienne" et à la belle mélodie chantante.
Les solistes sont un peu formatés (le sax Joel Frahm) ou excellents (le trompettiste Avishai Cohen), à ne pas confondre... Et qui brille en particulier dans les deux derniers titres où l’influence de Lee Morgan perce, comme perce la couleur Jazz Messengers dans certains autres.
Mais ce disque nous fait le coup du verre à moitié plein et du verre à moitié vide.
Le batteur Daniel Freedman est on ne peut plus lourdingue et certaines compositions tournent à la brésilianerie de pacotille New Song ou à la foire de fiesta centre-américaine Tsafdina. Leurs mélodies sont limite "populistes".
Le bilan est cependant plus que positif.
Omer AVITAL : "New Song"
> Plus Loin Music PL4568 / Abeille Musique (parution le 06/03/2014)
Omer Avital : contrebasse, compositions / Avishai Cohen : trompette / Joel Frahm : saxophone ténor / Yonathan Avishai : piano / Daniel Freedman : batterie / Mehdi Chaib : voix sur 3 et Karkabas sur 7 / Chœur sur 3 et 11 : tous + Pini Shavit
01. Hafla / 02. New Song / 03. Tsafdina / 04. Avishkes / 05. Sabah El-Kheir (Good Morning) / 06. New Middle East / 07. Maroc / 08. Ballad For A Friend / 09. Bedouin Roots / 10. Yemen Suite / 11. Small Time Shit // Enregistré par Philippe Teissier du Cros au Studio Sequenza (Montreuil) les 2 et 3 juillet 2013.
> Liens :