Les deux font la paire.

Voyons voir : 2014 serait-elle l’année des duos ? Boltro-Rea, Holland-Baron, Parisien-Negro, Feldman-Courvoisier, Courtois-Ceccaldi, pfff : ils se reproduisent ?
- « Mais pourquoi que c’est comme ça ? » se demande le philosophe de comptoir. Il y a moins de sous dans le système en crise et deux coûtent moins que trois (patron, remets-moi la même chose, STP ) ? Associer deux réputations serait une nouvelle piste marketing ? La loi du Mariage pour tous produirait des effets collatéraux et les musiciens rebelles feraient un pied de nez aux grincheux obsédés du slip des autres ? Ou alors, une simple et bonne raison musicale nourrie d’un projet, d’une complémentarité de talents, d’une histoire de compagnons de route …. ?

Comme ce soir où BOJAN Z, piano, fender rhodes et Julien LOURAU, sax ténor et soprano, entament une série de trois concerts à suivre. Vingt quatre ans de compagnonnage : un quart de siècle !! Les gars, ça ne vous rajeunit pas !!! Mais ça vous bonifie. Si si.
On va dire que les deux ou trois premiers morceaux servent à l’échauffement des doigts et des lèvres, à nous mettre en condition, à atteindre ce moment où le duo est UN :
Relaxing at.... venu de l’époque Fire and forget. Oui, déjà huit ans !!!
Suivi d’une délicieuse balade ( Sedam ? en français « Sept » ). Lourau y va d’un son velu, oui, velu, comme le son de Guy Laffite. Rond, dodu, épais, avec des poils qui frottent dans le tube. Et l’histoire qu’il nous raconte ? Plus mélodieuse, on ne fait pas.
Ensuite Fuzzlija, un pièce qui danse. Bal populaire, soirée rigolotte entre amis, les gambettes qui ne tiennent plus en place : « Allez, viens, Maurice, on s’en fait une petite ?!! »

Pour se reposer, une intro au ténor solo du genre qui pose bien le truc : accroche toi au pinceau, j’enlève l’échelle, avant une valse tonique puis un solo lent au piano, tu tournes et t’étourdis, tu ralentis et te reprends. Ces mecs ont tout compris de la vie. Ils dialoguent depuis vingt quatre ans et ils ne font pas mine d’enfiler des clichés à deux balles : quelle conversation !!! Dense, soutenue, intriquée, différenciée, nouée, olé. Bojan Z a ce talent de choper en écho les propositions de Lourau et d’y ajouter son grain de sel, On serait dans un parc avec des arbres, une multitude de ballons colorés qui flottent au bout de leurs longues ficelles : musique aérienne et délicieux moment mélodieux. On flotte au-dessus de nos sièges.

Puis, sans prévenir, le clou de la soirée, long, pointu, fait pour durer : Julio’s blues écrit par Bojan Z pour son partenaire. Ils ont atteint le régime de croisière, genre go fast quatre litres de cylindrée avec double turbo moteur V-8 alimenté au kérozène. Pas moins !!! Ils sont chauds bouillants et leur musique incandescende : on attrape des cloques !!! Même à l’ombre !!!

Puis ils nous préparent à l’atterrissage : Romgrois, une musique qui boite et qui oblige à marcher un pied dans le caniveau l’autre sur le bord du trottoir sinon bonjour le déhanchement suggestif. Et une paire de musiques venues des Balkans histoire de prolonger cette grande balade mélodique et mélodieuse. Un concert de musiques douces à l’oreille qui nous font voyager du tendre au passionné, que demander de plus ?

On les rappelle, ils reviennent, on en veut encore, eux aussi, et ben, y’a plus qu’à revenir demain.

> Le Triton (93 - Les Lilas) - vendredi 23 mai 2014 - 20h00
Julien Lourau : saxophones / Bojan Z : piano, Fender Rhodes


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