Le quatuor IXI ouvre la saison de l’Atelier du Plateau et fête ses vingt ans, son amour du risque et des chemins non balisés. Trois soirs...
Le quatuor IXI ouvre la saison 2014-2015 de l’Atelier du Plateau et fête ses vingt ans, son adulescence flamboyante, son amour du risque et des chemins non balisés. Trois soirs à suivre, même heure, même endroit pour le bien nommé festival Under The Radar.
Soir 1 - 10 septembre 2014 - 20h :
Régis HUBY et Théo CECCALDI aux violons, Atsushi SAKAÏ au violoncelle et Guillaume ROY au violon alto donnent à entendre leur nouveau programme joué en public pour la première fois in ze oueurlde.
Programme digne du menu « Découvertes » d’un restaurant qui s’occupe de nous surprendre les papilles. La mise en bouche revient à Atsushi SAKAÏ avec sa pièce « Souris, oiseau et punaise », suivie par une suite de Régis HUBY inspirée de quatre tableaux qui l’ont marqué. Des épices commencent à titiller des endroits de l’oreille laissés en friche dans le quotidien : un soyeux glissendo jaune, une volée de pizzicati aillés bleu acier, une loooongue tenue de gingembre frais. Suivent deux pièces de Guillaume ROY, l’une sans nom mais quelle baston de duos !! et « Best of tomorrow », comme une noix de thon de Saint Jean de Luz snackée à la plancha qui, au moment de la mordre, révèle une douceur insoutenable juste sous la très fine couche saisie-croquante. Les papilles auditives n’en peuvent mais.
Rappel avec « Punaise 2 » de SAKAÏ comme un dessert inattendu dont la douceur n’a d’égal que la moire la plus soyeuse qu’on n’ait jamais caressée.
Soir 2 - 11 septembre 2014 - 20h :
le quatuor IXI qui n’a peur de rien et brûle de tenter ( presque ) toutes les expériences s’offre un invité de luxe avec Michele RABBIA aux percussions et traitement du son.
Un quatuor à cordes avec bidouillage électronique ? La technoparade en avant première ?
Eh bien non : plutôt une expérience de musique augmentée avec ce RABBIA dont la délicatesse est telle qu’il faut tendre l’oreille, que dis-je, les deux oreilles, pour se rendre compte que, non, il n’est pas en train de coincer la bulle là-bas, dans l’angle de l’atelier, que non il ne se laisse pas aller à des effets convenus. Son grain de sable numérique vient prolonger, développer, détourner, amplifier, mélanger la musique acoustique de ses partenaires d’un soir. Son solo ? Immense. Il ne prend pas le temps de s’installer dans le formol de la routine, pour lui, le changement, c’est maintenant à chaque instant. Puis il impose un objet aux quatre tireurs d’archet suivant en cela le principe « il n’y a de liberté que dans la contrainte » : à chacun, il offre un métronome marquant un tempo différent (non, on n’est pas dans une batterie-fanfare de pompiers-un-deux-un-deux) et roule ma poule. Cette tournerie de tempi empilés qu’on pourrait croire inspirée des maîtres tambours donne le tournis et Rabbia, espèce de lutin malin, défriche une chemin d’interstices rythmiques au cœur de ce mille-feuilles. Effet remarquable : lorsqu’il s’abstient de tout ajout, la musique du quatuor change et devient encore plus dodue, volumineuse, ample, dense, pleine...
Le public est ravi, les musiciens aussi.
Soir 3 - 10 septembre 2014 - 20h :
IXI invite Christophe MONNIOT ( LE Christophe Monniot ) aux sax alto et sopranino pour un retour à la musique acoustique et lui-même offre en retour quelques-uns de ses thèmes : "Mécanique Samovar", "Lettre à Marie W", "Le sommeil de l’ange" et deux pièces de son prochain opus sur le thème de Jéricho. Nous retrouvons la magnifique "Nuit étoilée" de Huby, le "Best of tomorrow" de Roy.
Ce dernier concert, jubilatoire, emporte une adhésion jalousée par les partis politiques. Si si !! Score soviétique à l’applaudimètre avec un public comptant plus de jeunes vingt-trentenaires que de têtes grises au pouvoir d’achat démesuré.
Au rappel, la jolie pièce de SAKAÏ, "Punaise 2" revisitée pour y inclure Monniot nous refait le coup de la douceur et ça marche !!!
Trois concerts où le quatuor IXI, debout au bord de la falaise, se lance dans le vide façon « même pas peur-même pas mal, allons explorer ce qu’il y a quand rien ne nous retient ».
Ah, si toutes les entreprises gavées à l’argent public pouvaient se montrer aussi entreprenantes et performantes que cette bande d’intermittents....
L’Atelier du Plateau - Centre Dramatique National de Quartier
5, rue du Plateau (au fond de l’impasse), 75019 Paris - tél : 01 42 41 28 22
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