Jacques Chesnel fait sienne l’affirmation d’Erik Satie : je préfère la musique que j’aime à celle que je n’aime pas. Argumentation...
Ce qui va suivre m’est venu à l’idée après avoir lu le titre du livre de Pierre Bayard Comment parler d’un livre qu’on n’a pas lu… On pourrait aussi bien le transcrire dans la domaine de la musique Comment parler d’un disque qu’on n’a pas écouté… J’ai connu dans un passé plus ou moins récent quelques anciens camarades ou camarades anciens (distingo) qui ne se gênaient pas pour… ou bien qui encensaient tel musicien sans vraiment l’apprécier parce que c’était la mode ou le descendaient en flammes pour ne pas paraître hors du coup…qui s’enfermaient dans des querelles d’un autre âge, d’où ces chapelles, coteries, clans quand ce n’était combines ou lutte des classes... ce qui n’a guère changé aujourd’hui !
Je profite de ce billet qu’on pourra juger d’humeur (encore !) pour affirmer haut et fort que j’écoute attentivement tout ce que je reçois de toute provenance, même quand à première oreille telle ou telle nouvelle galette me semble à l’opposé de mes goûts… car oui un chroniqueur a des affinités, monsieur, des penchants avoués ou secrets, des pincements au cœur ou des haut-le-cœur, voire des nausées, des emballements éphémères ou durables, des musiciens favoris qui parfois déçoivent, des nouveaux qui étonnent et enthousiasment (Emile Parisien ou la fraîcheur du new free opposé aux redondances du vieux free encore martelé)… il y a des jours où on a envie d’écouter, des jours pas ou sans, des dispositions ou des relâchements, le trop-plein ou la fatigue… et puis, zut, au grand dam de me répéter, je rappelle cette affirmation d’Erik Satie que je fais mienne : je préfère la musique que j’aime à celle que je n’aime pas… qu’on ne vienne pas me reprocher de préférer un musicien peu technicien qui me fait frémir à un autre féru de toutes les méthodes dont le discours ne m’émeut pas ou me laisse de glace…
Un exemple, tenez : U.L.M. du François Corneloup trio (lui-même au saxophones, Marc Ducret, guitare et Martin France, batterie) : cet univers là, cette musique virtuose remarquablement interprétée, ce mouvement perpétuel toujours ludique, me laisse absolument et irrémédiablement froid, cela me passe à cent lieues au-dessus de mes sens pourtant en éveil et attentifs, mais, désolé, je ne ressens absolument rien… et pourtant je vais le recommander chaudement aux amateurs de musique libre et vivante, excellemment interprétée, qui trouveront peut-être dans ces plages le plaisir que je ne partage pas mais je leur souhaite…
Une dernière : l’obscurantisme et l’intolérance reviennent en force (voir la remise en cause du darwinisme par les créationnistes)… dans le jazz aussi ???
Ceci est écrit d’une seule traite, sans retouche, de 15 :20 à 15 :35 ce jeudi 8 février de l’an de grâce 2007.