Un si beau théâtre augure-t-il une soirée de gala ? Ce fut le cas cette Nuit du Jazz confectionnée avec passion par Michel Dubourg. Cette année, ses invités étaient italiens.
Un si beau théâtre augure-t-il une soirée de gala ? Ce fut le cas cette Nuit du Jazz
confectionnée avec passion par Michel Dubourg. Sans cet homme de conviction, fin connaisseur
de l’actualité présente et à venir du jazz, pas de vives émotions dans la capitale bas-normande.
Cette année, les invités de Michel Dubourg sont italiens.
Antonio Faraò ouvre en trio inédit, siglé Enzo Ferrari : rutilance des phrases, chromatismes échevelés, lyrisme paroxystique… ce trio sonne vraiment « américain ». Gene Calderazzo, frère ainé du pianiste Joe y incarne la tradition du genre. Il est le batteur régulier de Pharoah Sanders.
En saison au théâtre de Caen, relooké avec bonheur mais dont le confort des sièges fait débat, la musique résonne essentiellement dans les vastes foyers. Le public s’y presse à l’entracte et découvre le quartet du saxophoniste David Sauzay grand amoureux de la péninsule. David Sauzay aime séjourner chaque printemps à Rome tel un curiste, pour parfaire son art aux côtés du légendaire Barry Harris. Il y a rencontré le jeune chanteur Walter Ricci et une féconde collaboration a vu le jour. Ce jeudi soir, le napolitain est hélas forfait, mais la voix généreuse du sax ténor de David Sauzay inonde tous les espaces du théâtre. Nulle frustration tandis que le contrebassiste du quartet, Michel Rosciglionne, rappelle par sa présence en quoi la France reste une terre d’élection pour les transalpins.
Fin d’entracte et retour dans le grand auditorium où près de 1000 mélomanes saluent un des chouchous de la région. Paolo Fresu présente un quintet qu’il dirige depuis trois décennies. Des amis Toscans, Lombards, Milanais, Romains conjuguent les univers du Sarde en quête permanente du plus beau son possible à la trompette et au bugle. Son et style chez Fresu se conjuguent entre l’accessibilité du prêt à porter et la touche Armani chère à Miles. En rappel, presque pour s’excuser d’avoir joué de la musique syncopée pendant plus d’une heure, Fresu annonce la conclusion du concert par « de la belle musique », celle de Puccini swinguée sur tempo médium.
Le post-scriptum de la soirée s’écrit au bar du théâtre où les jammeurs sont invités à rejoindre la formation de David Sauzay, brillant de la présence du pianiste Pierre Christophe. Peu de locaux osent monter sur le podium, mais ce sera un final enlevé dû au retour de l’insatiable Antonio Faraò et son contrebassiste Macédonien Martin Gjakonovski.
Une soirée méditerranéenne à la hauteur du standing de la grande musique à Caen.
La journée fut rude pour les musiciens de la nuit du jazz, qui entre difficultés dans les transports aériens, perte de bagages dans le train, furent soulagés à l’issue de cette riche 20 ème édition caennaise.
Antonio Faraò trio : Antonio Faraò : piano / Martin Gjakonovski : contrebasse et Gene Calderazzo : batterie
David Sauzay quartet : David Sauzay : saxophone ténor / Pierre Christophe : piano / Michel Rosciglione : contrebasse / Bernd Reiter : batterie
Paolo Fresu quintet : Paolo Fresu : trompette & bugle / Tino Tracanna : saxophones ténor et soprano / Roberto Cipelli : piano / Attilio Zanchi : contrebasse / Ettore Fioravanti : batterie
Un disque :