Le TRICOLLECTIF, une semaine entière, plante sa tente, déroule ses tapis et installe ses instruments à "la Générale", coopérative artistique, politique et sociale, en plein cœur de Paris. Échos du "Trico"...
La légende raconte qu’Apple est né au fond d’un garage. Sans préciser les dimensions du garage : 3 m2 pour ranger son solex et ses palmes ? 15 m2 pour garer sa voiture, un établi et trois cageots de fruits pourris ou pas moins de 150 m2 façon l’atelier à l’ancienne où s’active une chiée de compagnons ( onze, exactement... ).
Le TRICOLLECTIF (www.tricollectif.fr), lui, renaît chaque jour et, cette semaine entière, plante sa tente, déroule ses tapis et installe ses instruments à la Générale, coopérative artistique, politique et sociale, en plein cœur de Paris. Un genre de friche industrielle qui ne connaît pas son bonheur dans son usage actuel : une ré-mission. Théo CECCALDI le constate : « on a beaucoup de projets, on a dû choisir et se limiter ».
La mise en bouche s’effectue grâce au va et vient d’un hérisson à ramoner et nettoyer nos conduits auditifs : Quentin BIARDEAU aux sax soprano et ténor à bouche, Giani CASSEROTTO à la guitare augmentée de dispositifs électronico-nucléaires et Yorgos DIMITRIADIS à la batterie manuelle et pédestre s’emploient dans une improvisation totale, pure et dure (contrepet niveau débutant) qui s’en vient titiller les limites des capacités des sonotones des trois vieux qui ont osé venir et aussi, baigner le public dans d’intenses instants de calme et de volupté de chine, sans oublier le détour obligé par une séquence bruitiste.
On s’en remet le temps de se désaltérer au rouge d’Ardèche ( le vin rêche ).
Ah oui, en passant, la salle est overbouquée, le public qui s’en fout d’être en forme demain pour reprendre le taf a répondu présent en masse. Y’en a partout, devant, sur les côtés, debout prés du rideau.
Suit le trio Roberto NEGRO, piano et un truc électro à boutons à titiller, Valentin CECCALDI violoncelle et guitare basse, Sylvain DARRIFOURCQ, batterie et minuscule clavier. Pour un morceau, un seul : GARIBALDI PLOP. Une suite, d’abord bien bruyante, comme pour la jouer raccord avec le trio précédent et puis et puis, on y entre. Est-ce la mise en musique de la vie agitée de Garibaldi, heureusement ponctuée de calmes plages de sable fin, de plages de sables de calme fin, de sable calme de plage de fin, de.... Est-ce là, le récit halluciné de tout autre chose ? Les états d’âme d’un tueur à gages pendant le plop de son silencieux ?
Il y eut ce moment marqué par NEGRO pratiquant, à la main gauche, un ostinato spidé déraisonnable que le kiné le moins soucieux de la santé de ses patients qualifierait de destroy, avec DARRIFOURCQ qui débranche son cerveau moteur et dont les membres ( tous ses membres ) goûtent à la folie furieuse de l’ergot de seigle mêlée à la danse de Saint Guy, et CECCALDI qui entreprend de cisailler les cordes et le manche de son cello dans un geste de scieur de long en large, mais y parviendra-t-il ?
Puis un joli moment de respiration iphonique avec Maurice Chevalier et les gars de Ménilmontant ( pourquoi se priver des objets numériques tant qu’on privilégie le sensible ? ) et hophophop, ils en terminent.
Intense, dru, romantique, lyrique, enfiévré, suspendu, allumé, éteint, rallumé, public en apnée : que demander de plus, hein Gattaz-toujours-pas-assez ?
Alexandra GRIMAL, sax soprano et voix et Nelson VERAS, guitare, viennent clore la soirée en interprétant leur bande-son du film de Yasujiro Ozu : « Où sont passés nos rêves de jeunesse ? ». Bande-son tellement pertinente qu’on l’oublie au fur et à mesure des aventures et mésaventures des protagonistes.
Pour ne garder que la morale du film : choisir l’amour de sa vie ou le patron qui aide à survivre ?
Devine, Gattaz.
Lundi 27 avril 2015.
La Générale - 14, avenue Parmentier - Paris 75011