C’est sous la tempête et presque sous les vagues que le contrebassiste Christian Brazier a fêté la sortie officielle de son 7ème disque.
La première passion du contrebassiste Christian Brazier, c’est la mer. Le disque précédent "Circumnavigation" paru en 2010 rendait d’ailleurs hommage à Bernard Moitessier. Pour ce marseillais d’adoption, la mer et le jazz font (très) bon ménage et c’est presque avec la même équipe que "Septième Vague" voit le jour, enregistré aux studios La Buissonne, pour le label ACM, distribué par Socadisc. Il y a la pianiste Perrine Mansuy, le trompettiste et bugliste Christophe LeLoil et le batteur australien Dylan Kent ( qui remplace à présent Jean-Luc Di Fraya ). Pourquoi "Septième Vague", qui en a inspiré plus d’un ? Le mythe de la septième vague, la plus forte et la plus belle après les six premières tient lieu d’explication pour ce septième disque du contrebassiste qui devait s’appeler à l’origine "Nouvelle Vague" en référence à l’esprit de ce mouvement du cinéma français de la fin des années 1950, où un vent de liberté et de nouveauté soufflait sur la création.
Les dix compositions sont personnelles, chantantes, puissamment lyriques et dansantes, rendant irrésistiblement heureux. Les titres savoureux sont donnés au départ de leur création un peu au hasard pour s’y reconnaître et les retravailler ensuite. Ainsi, les musiciens débutent avec "J’sais pas quoi faire" ( nous, si ! écouter ce soir ce superbe concert ), scène cultissime de Pierrot le Fou de Godard avec son "Qu’est-ce que j’peux faire ? J’sais pas quoi faire" clamé par la belle Anna Karina. Le ton est donné dès ce titre et ça balance déjà ! Suit le titre éponyme du disque à la ritournelle obsédante puis "Le Lac Majeur" (en majeur bien sûr !), très mélancolique. " Sur le sentier de la guerre" et "Les pieds sur terre" finissent le premier set, ce dernier morceau m’entraînant plutôt vers les étoiles ! Le second set débute avec "French Riviera" pour continuer avec "La tête dans les étoiles" et "Faux bond". Le concert se termine par ce très beau "D’août" composé en... août. Perrine y fait une intro remarquable. En rappel, un "Tex Mix" emballant avec un solo de batterie très applaudi achève ce superbe moment.
La scène du Moulin à Jazz est petite mais permet une empathie avec le public essentielle pour les musiciens. Christian Brazier tourne le dos à Perrine Mansuy, mais la "sent" d’instinct, tandis qu’il est tourné vers le batteur Dylan Kent avec lequel il soutient le rythme et dirige son monde. On ressent beaucoup de profondeur et de poésie dans son jeu, souvent les yeux clos, tandis que Perrine Mansuy est à la fois douce et déterminée au piano comme au Fender Rhodes qui donne une teinte vive à son jeu. Christophe LeLoil est un trompettiste qui m’emballe toujours, autant dans ses accents passionnés avec la trompette ( bouchée ou non) que dans le mœlleux de son bugle. Quant à Dylan Kent, la malice allume son regard et produit un drumming captivant. On sent les trois musiciens soudés en équipage autour de leur maître capitaine sur ce bateau qui surfe à la perfection sur cette vague majeure, la tête dans les étoiles mais les pieds bien sur terre comme tous les marins. Toutefois, après vérification, ce serait plutôt la neuvième voire la dixième vague qui serait la plus belle. Christian Brazier a donc encore de beaux jours devant lui pour les prochaines années.
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