Pendant le festival Jazz à la Villette et à côté de lui, d’autres salles la jouent "Under the radar". À l’Atelier du Plateau, Sarah MURCIA s’est installée deux soirs de suite. Avec une affluence record.
Pendant le festival Jazz à la Villette et à côté de lui, d’autres salles la jouent Under the radar. À l’Atelier du Plateau, Sarah MURCIA s’installe deux soirs de suite. Avec une affluence record.
Quand elle lit-déclame (en français s’il vous plaît merci) le premier texte de son partenaire Vic MOAN, chanteur, songwriter américain, mandoline, on croirait s’immiscer dans une anfractuosité du temps, celui des sixties : Ferlinghetti et sa librairie, San Francisco, une génération qui émerge de la terreur de la guerre froide et de son avenir nucléaire. Et quelle rencontre que ce concert jazzo-poétique au moment de l’expo dédiée à la BEAT GENERATION au centre Pompidou !! Parce qu’on s’y trouve fully dans cette ambiance de lectures poétiques et jazzy. Murcia invite un poète, ce qui n’est pas sans rappeler son travail avec Kamilya Jubran. Bon, d’accord, tous les textes ne sont pas traduits et les malheureux monolangagiers ne se régalent que de l’aspect groove et prosopée du duo. Mais, comment dire, la poésie américaine nous saute à la gueule : pas de rimes tous les huits pieds, un genre de prose swinguée, une fidélité évidente à « de la musique avant toute chose et pour cela préfère l’impair », encore un effort et ça virerait au rap. Relire Gary Snyder, Jack Kerouac ?
Murcia soloïse voix et contrebasse.
Murcia et Moan découpent un texte en tronçons pour en dire chacun un à la volée.
Tous deux disent le même texte avec un léger décalage façon stéréo.
Ils enchaînent en bilingue simultané-tu choisis qui tu écoutes.
Avec sa mandoline dont il extrait quelques accords, Vic MOAN incarne le meilleur de cette pratique poétique avec des textes à dire, à chanter, à clamer, à susurrer.
Sarah MURCIA, outre sa participation vocale, impose un groove et des soli pertinents, calibrés, sans exubérance. Dans la continuité de ce qui est dit.
On croirait entendre le début de Howl ("J’ai vu les plus grands esprits de ma génération détruits par la folie, affamés hystériques nus, se traînant à l’aube dans les rues nègres à la recherche d’une furieuse piqûre initiés à tête d’ange brûlant pour la liaison céleste ancienne avec la dynamo étoilée dans la mécanique nocturne" ) mais non. On n’est pas dans la fumée des clopes, on n’entend pas les verres s’entrechoquer ; outre la chaleur de hammam, l’ambiance de ces textes tirés du recueil Noir de Monde nous colle à la peau.
Samedi 10 septembre 2016
Atelier du Plateau
Impasse du Plateau
75019 PARIS