Le Moulin à Jazz de Vitrolles a accueilli samedi 20 janvier le pianiste finlandais Iiro Rantala et le guitariste suédois Ulf Wakenius qui présentent leur dernier disque "Good Stuff", survol des villes où ils ont l’habitude de jouer mais pas que...
Il faisait bien chaud samedi 20 janvier au Moulin à Jazz de Vitrolles (13) en compagnie de deux musiciens nordiques exceptionnels et de renommée internationale : Iiro Rantala et Ulf Wakenius. Iiro Rantala est le plus connu des pianistes de jazz finlandais avec neuf albums en trio ( trio Töykeät ) puis ses débuts sur le label ACT en 2011 avec déjà si je ne me trompe sept disques seul ou en collaboration, « Good Stuff » étant le septième sorti en octobre 2017. Ulf Wakenius quant à lui, connu surtout depuis sa collaboration avec la chanteuse Youn Sun Nah, ne doit pas faire oublier sa carrière d’une richesse incroyable l’ayant amené à jouer avec tant de grands musiciens de jazz. J’ai cherché les duos piano guitare qui sont plutôt rares : citons Jim Hall et Bill Evans, Pat Metheny et Brad Mehldau, Bill Frisell et Fred Hersch, Peter Leitch et John Hicks, Jimmy Rowles et Joe Pass ou encore Benny Green et Russell Malone. Il y a aussi Michel Camilo et Tomatito ainsi que Marco Pereira et Cristóvão Bastos au Brésil. Bref, ça ne court pas les rues.
C’est dire l’émotion et l’étonnement qu’on avait à voir ces deux « stars » aussi proches de nous, faciles à aborder et si modestes ! L’idée de ce duo est née en octobre 2015 à la Philharmonie de Berlin lors d’un hommage au pianiste disparu Esbjörn Svensson. Le nom « Good Stuff » fait référence en plus de l’expression très appropriée, au groupe Stuff, groupe de jazz-funk des années 70 et 80 avec Richard Tee, Cornell Dupree et Steve Gadd, un groupe que les deux hommes vénèrent. Après un concert triomphal au festival Jazz Baltica l’été 2016, il était logique qu’un enregistrement suive, avec comme thème les villes traversées, mais pas que. Effectivement, lors des deux sets, nous entendrons en premier Helsinki, où vit le pianiste, gai et enlevé, suivi l’instant d’après par le poignant Tears for Esbjörn de l’album « Lost Heroes ». Du même disque, suivra Donna Lee de Charlie Parker, présent également dans le disque précédent et Giant Steps de John Coltrane, thèmes qu’Iiro Rantala prit un malin plaisir à démultiplier avec la complicité malicieuse d’Ulf Wakenius ! Vienna et Rome composés et introduits par le guitariste closent le premier set. Suivront Seoul (ville d’origine de la chanteuse Youn Sun Nah) et Palma d’Iiro Rantala avec leurs petites anecdotes pleines d’humour ; puis un solo de piano intense inspiré de Leonard Bernstein et un solo virtuose du guitariste, Loro d’Egberto Gismonti (on connaît l’histoire très forte d’Ulf Wakenius avec les grands musiciens brésiliens avec lesquels il a joué et nous verrons alors le recueillement très émouvant d’Iiro Rantala caché dans un angle de la scène !). Le concert ne pouvait pas ne pas rendre hommage à Youn Sun Nah avec Momento Magico écrit par Ulf. Nous nous ferons enfin piéger par une interprétation d’un air de Carmen de Georges Bizet (L’air de Micaella et Don José), certains pensant à l’hymne national de la Finlande !
En rappels survoltés Mon Oncle de Jacques Tati et Sir Duke de Stevie Wonder. Nos deux héros de la soirée signeront les seuls cinq disques amenés, ayant été dévalisés au concert précédent le 18 janvier au Cheval Blanc de Schiltigheim. Rappelons que ce très bon disque a été chroniqué par notre confrère Yves Dorison dans la Vitrine de disque de novembre 2017 avec un grand plaisir d’écoute ( à lire ici... ). Les voir en plus sur scène était un bonus !
Samedi 20 janvier
Moulin à Jazz - Association Charlie Free
Vitrolles, 13