Cécile McLorin Salvant était l’invitée du théâtre de Caen (Calvados) le vendredi 19 janvier 2018. À ses côtés, le trio que dirige son fidèle pianiste Aaron Diehl.
Tout semble avoir déjà été dit à propos de cette jeune chanteuse sur-douée apparue il y a simplement quelques années sur CD et sur scène. Précocité, virtuosité, cour des grands, carrière internationale…
Alors qu’avons-nous vu et entendu lors de son concert au Théâtre de Caen ce 19 janvier 2018 ?
D’abord un quartet ou si on préfère une chanteuse et son trio. En dépit des qualités respectives des protagonistes, il y a là une écriture commune indéniable. Le trio new-yorkais piano-basse-batterie ne manque pas d’originalité. Il joue son rôle d’accompagnateur classique soutenant et impulsant la chanteuse mais il sait faire part d’inventivité lorsque les musiciens qui le composent prennent un chorus au même titre que la chanteuse - pourrions nous dire-. Nous pensons en particulier au jeu de Aaron Diehl (piano) et de Kyle Poole (batterie), jamais stéréotypé, ainsi qu’au duo McLorin Salvant–Paul Sikivie (contrebasse).
La voix n’est plus à vanter -disions-nous : registre, puissance, technique… tous les ingrédients d’une grande chanteuse sont réunis. Mais tout cela au service d’un répertoire éclectique (on dirait aujourd’hui, au titre de ce mot et concept (?) galvaudé, cross over). Devil my care, The Trolley song emprunté à Judy Garland… soit. Mais La solitude de Barbara (très émouvante certes et chantée sans fioritures. On peut songer à Ne me quitte pas interprété par Nina Simone, le pathos en moins.), Je voudrais être blanche de Joséphine Baker (aux paroles surprenantes et enjouées), tel air de Kurt Weil ou d’un opéra de Verdi (?) nous éloignent progressivement du jazz.
Alors, on admire la chanteuse, sa voix bien sûr, son assurance scénique et sa fantaisie, son interprétation des standards, son trio de jeunes musiciens ; nous a manqué cet enthousiasme que semblaient partager la grande partie des spectateurs venus en nombre pour entendre celle que l’Académie du jazz vient de gratifier du Prix Django Reinhardt, classiquement attribué à un instrumentiste et non à un chanteur.
Empruntons pour conclure, ce distinguo effectué par notre ami Philippe Paschel ici même, entre chanteuse de jazz et chanteuse de non jazz : On attend la fin de la chanson pour applaudir cette dernière et la première est applaudie au fil de ses interventions, comme les musiciens qui jouent avec elle. L’autre soir, c’était essentiellement aux musiciens d’être interrompus par les applaudissements.
Théâtre de Caen
Vendredi 19 janvier 2017 - 20 h