Soirée mémoire et hommage au grand saxophoniste qu’est André Jaume, entouré ce soir-là par les musiciens de son quartet et ses anciens élèves et amis venus l’écouter.
L’A.J.M.I. [1] a 40 ans en cette année 2018 et se souvient de ses soutiens lors de sa création dont le saxophoniste André Jaume qui dirigea pendant près de vingt ans une des premières classes de jazz en France au Conservatoire d’Avignon. Il s‘y est retrouvé sur la scène très régulièrement dans divers projets dont son duo avec Joe McPhee (dans le projet Nuclear Family dont le disque est enfin sorti en 2017 !) puis une fois avec Jimmy Giuffre plus tard ( Eiffel Live in Paris, Momentum, River Station avec Joe McPhee). De sa classe sont issus de grands noms du jazz actuel qui viennent aussi souvent jouer à l’AJMI : Bruno Chevillon, Rémi Charmasson, Bernard Santacruz, Claude Tchamitchian, Guillaume Orti, Gilles Coronado, Guillaume Seguron, Lionel Garcin… Ce soir-là, le saxophoniste se produisait, bien entouré en compagnie du guitariste Alain Soler, du fils de ce dernier Antony Soler à la batterie, et du contrebassiste Pierre Fenichel. De ténor, point ! car une mauvaise chute quelques jours auparavant sur la glace en Corse (sic !) où il réside très souvent, l’a obligé à le troquer contre un alto, soprano ou une flûte bien plus légers. D’où quelques surprises, les morceaux joués l’étant d’habitude avec un ténor ou clarinette basse…
Un concert d’une seule traite, avec quelques morceaux phares comme Gin Fizz d’André Jaume, First Song de Charlie Haden, repris en rappel, Blues for Aida de Steve Lacy, Vieux Carré et 872 de Joe McPhee, Frog Legs de Jimmy Giuffre dont André Jaume fut l’élève et son River Chant joué à la flûte en compagnie du guitariste Rémi Charmasson invité en fin de concert pour deux morceaux et qui rendit hommage à Andre Jaume : « Il ne parlait pas beaucoup mais le truc énorme qu’il a fait c’est qu’il nous a aidé à trouver notre propre musique ». Le guitariste Alain Soler, compagnon de route de longue date du saxophoniste mais aussi directeur artistique du Label Durance et de l’Atelier de Musiques improvisées créé à Château-Arnoux, dans les Alpes de Haute-Provence, a apporté une note plus électrique au quartet, soutenu à la fin par Rémi Charmasson. Le contrebassiste Pierre Fenichel, pilier du jazz marseillais, structurait bien le propos avec beaucoup de grâce, tandis que l’autre pilier rythmique, le plus jeune du groupe, en l’occurrence le fils d’Alain Soler, Antony, assurait remarquablement le tempo. Le quartet a d’ailleurs sorti un disque sur le label Durance en 2015, SMTHG Close To SMTHG, pendant d’un disque d’André Jaume sorti en 1991 Something, avec à l’époque Bill Stewart, Anthony Cox, Clyde Criner et Joe McPhee. 1991, c’est l’année de naissance d’Antony Soler, bercé par la musique d’André et l’occasion pour Alain Soler de rencontrer André Jaume avec la collaboration ultérieure fructueuse que l’on connaît. Ce soir-là c’était donc presque quatre générations qui jouaient ensemble avec une énorme générosité, belle image de la famille musicale jazz et bel hommage au saxophoniste et ses bientôt 78 printemps !
AJMI - La Manutention - Avignon
Vendredi 16 mars 2018
[1] Association Jazz et Musiques Improvisées - Avignon.