Chacun son oreille, on la construit comme on peut, ici celle de François Pachet
Histoire d’une oreille
Et j’entends quand même des choses que j’aime et ça distrait ma vie. Michel Delpech
L’oreille est un organe complexe. C’est elle entre autre qui donne à notre cerveau la capacité à traduire des mouvements vibratoires. Notre pouvoir imaginaire lié à notre éducation et aux hasards de notre vie, à nos facultés cognitives nous aide à échafauder des stratégies sensibles qui restent au sein de notre mémoire. Ces multiples tiroirs sont nos référents sensoriels où n’existent aucune hiérarchie : ce que nous aimons est équivalent à ce que nous n’aimons pas ou ne croyons pas aimer mais qui suscite tout autant notre attention. Intrinsèquement liés, la relation volonté-sensibilité est au cœur de notre vouloir.
L’Histoire d’une oreille est celle du chercheur-musicien François Pachet. De l’enfance à l’âge adulte, par des tâtonnements, des certitudes, l’incapacité à partager des enthousiasmes, les affres de la solitude, au détour d’une rue, d’un escalier ou d’un autoradio lors d’un été étouffant en Grèce, on construit une oreille comme on construit un langage, on se nourrit de rencontres. A titre d’exemple on découvre sans pouvoir l’expliquer le sens de la tonalité, les tensions et les détentes qui la façonnent, là où l’intime a autant, voire même plus d’importance dans l’apprentissage que l’explication théorique. François Pachet s’invente une sorte de synesthésie, un lexique naïf et essentiel, qui va, associant mots et musiques, des Beatles à Louis Armstrong en passant par Baden Powell, Django Reinhardt, Eddy Louiss ou Maxime Leforestier, forger son écoute. En ce sens nous sommes tous des autodidactes, que la présence d’un maître, que la vélocité nous fascine, qu’un stage à la Berkeley nous ouvre, que la réalisation d’un continuo baroque ou l’éclat d’une chanson nous attrape et nous trions, faisons nos choix. Ce que nous trouvons génial deviendra banal le lendemain, une faute deviendra une qualité, nous imaginerons des chorus extraordinaires et nous serons à la recherche de cette émotion première, ce moment déclencheur.
Apprendre, désapprendre, laisser la primauté à l’oreille, retrouver l’innocence de nos découvertes.
La lecture de cet ouvrage, qui est aussi une histoire musicale des années 70-2000 nous fait cheminer. Immanquablement interpelés, questionnés, nous retraçons à notre tour l’histoire de notre oreille, ce fil conducteur qui nous fait entendre des choses qu’on aime et distraies nos vies.
Ce livre s ‘accompagne de codes dans la marge du texte qui permet d’aller écouter les références indiquées ou de se rendre sur le site http://histoireduneoreille.fr/où sont rassemblés de nombreux extraits.
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François Pachet est un guitariste impliqué dans de nombreux projets scientifiques liant les recherches technologiques les plus avancées et musique.
L’album Hello World (https://www.helloworldalbum.net/) est le résultat d’un projet scientifique subventionné par l’ERC (European Research Council). A la fin de ce projet, qui portait sur la représentation du "style" il a été décidé de faire un album de musique multi-genre, utilisant les technologies développées dans ce projet. C’est le premier album fait avec de l’intelligence artificielle, mais dans lequel les musiciens (plus d’une dizaine) ont utilisé l’IA pour pousser leurs envies respectives au maximum. Pour le jazz Le morceau Cake Woman a été composé par Médéric Collignon avec Flow-Machines. Le thème est chanté par Camille Bertault. voir ici une séance de travail
Une description du rôle de l’IA pour chaque morceau peut être trouvée ici