Le duo New-Yorkais Dmitry Baevsky - Jeb Patton faisait escale à Granville samedi 19 mai. Un écho, texte & photos de notre localier Christian Ducasse
Un petit sommet fut atteint dans la valeureuse saison du club de notre Côte Ouest.
Nous sommes à Granville, sur le podium, deux musiciens dans les hauteurs du jazz AOP, aucun micro en vue si ce n’est celui du maître des lieux Roland Girard, le patron à bretelles .
Tout à leur jeune maturité Dmitry Baevsky et Jeb Patton conjuguent leur amitié new-yorkaise dans l’art vif de cette grande ville. Le pianiste basé à Brooklyn brille par un savoir-faire nourri des influences bénéfiques de James P. Johnson ou Hank Jones, Art Tatum n’étant jamais loin.
Ainsi défile l’histoire du piano dans plusieurs modernités et la joie de jouer ce soir à Baton Rouge fait sonner un instrument modeste aux accents du stride ré-actualisé. Jeb éblouira les experts présents dont l’avisé journaliste/écrivain Edouard Launet.
La réussite des sessions du club granvillais vaut par celle d’un public aussi mélomane que généreux dans ses encouragements. Nombre de musiciens ont déjà mesuré depuis des lustres le talent de ce public normand avisé. Dmitry Baevsky, saxophoniste alto identifié dans ses contrées de l’ Ouest émerveille de plus en plus, sa culture sans cesse servie d’une virtuosité savoureuse. Déjà 20 ans de présence sur les scènes pour le natif de Saint-Petersbourg qui se remémore sans doute ses premiers pas à New-York où il faisait la manche en compagnie de son jeune ainé Gaël Horellou. C’était jadis dans l’autre siècle, celui où des américains hospitaliers avaient facilité l’intégration du prodige. À eux deux, Dmitry & Jeb produisent un jazz passionnant, nourri de la grande histoire du swing aventureux.
Tout virevolte dans de riches harmonies up tempo mais au moment des ballades advient l’émerveillement, « Le Sucrier Velours » (Duke Ellington) signera un moment de grâce, idem lors du blues « Don’t Let The Sun Catch You Crying ».
À venir un disque du duo annoncé sur le label Jazz & People, il conviendra d’être aux aguets. Les privilégiés des sessions de la Monaco du Nord [1]. auront quant à eux gagné la magie des instants vécus dans l’acoustique vibrante de Baton Rouge.
[1] Granville (Manche, Normandie) a été surnommée « la Monaco du Nord » par l’héritier américain du chemin de fer Frank Jay Gould qui a laissé son nom à la pinède du festival de jazz de Juan les Pins