promeut son CD Double regard

Le Big Band s’installe et didondidon, ça ne rigole pas côté densité des pupitres.
En haut là-bas : Jean-Baptiste BRIDON, Benjamin BELLOIR, Anthony CAILLET et Thibaud RENARD trompette et bugle,
l’étage en dessous : Nicolas DESVOIS, Luca SPILER, Cyril DUBILÉ et Bertrand LUZIGNANT trombone ( ou trombone basse ),
au rez-de-chaussée : Jean-Hervé MICHEL sax baryton, Romain CUOQ ténor, David FETTMANN alto, soprano et clarinette, Hugo AFFETOUCHE alto et flûte, Olivier BERNARD ténor,
et le trio Ludovic ALLAINMAT piano et clavier, Sébastien MAIRE contrebasse et Xavier SAUZE batterie et compositions.

Tout un chacun peut se dire : ça va swinguer terrible, back to the swing era !!
Et ben non, pas d’attaque au mortier lourd, pas de rif trompétueux ni de scud tromboniste mais une jolie intro qui court d’un instrument à l’autre, rhizomatique. Épatant pour voir et repérer qui joue quoi. À l’ancienne, un soliste vient en bord de scène se mettre en valeur. C’est Bridon qui ouvre la série avec le soutien des souffleurs qui étirent des vagues majestueuses qu’on imagine déferler lentement sur l’estran Inutile de chercher la petite différence qui fait la différence : homogénéité sonore garantie, son plein plein de son, rondeur, unité du groupe. Le ténor qui lui succède prend tout son temps pour construire son histoire, il laisse des silences propices, revient sur ses pas. Pas pressé le mec. Et, en écho à l’intro jolie, ils achèvent par une fin toute tendre, toute simple.
Le titre éponyme de leur nouveau CD Double regard, confirme qu’on n’est pas dans la musique du patrimoine. Pas du tout du tout. Ils commencent en mode erratique, à toi à moi à nous à eux pour passer en mode groovy qui fait bouger les hanches et les bassins et booste le ténor solo ( Cuoq ) dans un bon vieux ternaire secoué. Lui non plus ne fait pas dans l’hypervolubilité, dire des choses justes lui suffit.
Inutile de tortiller du croupion et de faire sa mijorée : l’écriture et l’orchestration tiennent la route dés les fondations ( 1 mètre sous le macadam ) et le parti pris de solliciter des solistes pour autre chose que quelques mesures en passant pousse tout le monde au creux des reins. Ces musiciens n’ont pas seulement l’âme collective, ils prennent leur tour de solo avec force.

Odyssée et ses rythmes brésiliens mettent en valeur la puissance explosive des souffleurs ; derrière Affetouche à l’alto, ça pétarade et ça déflagre avec beaucoup plus d’élégance et de pertinence que ces saloperies de grenades GLI-F4 de la violence d’État. Maire soloise à la contrebasse et ramène tout ce petit monde au calme.
Outre ses compos ambitieuses, Sauze joue des timbres comme un collectionneur. Les bugles feutrent les rifs et gomment les aigus à la Meynard Ferguson, le recours aux clarinette et flûte rompt joliment avec les puissantes pêches, les envolées ronflantes et les grand souffles retentissants à la Jéricho.
Du pianissimo au fortissimo, du collectif à l’individuel, du solo au dialogue, Invisibles lumières puis Le jour où l’on s’est tu, ballade slowly à souhait, nous régalent.
Hope nous offre une dernière louche de plaisir : écriture resserrée, contenue, qui offre au solo de baryton toute l’assise solide pour sonner à l’aise.
Impression d’une puissance tranquille, maîtrisée qui ne craint pas l’escalade et n’a pas besoin d’une enceinte de confinement, elle.
On les rappelle bien sûr.


Le studio de l’ermitage

Lundi 4 juin 2018
Studio de l’Ermitage
75020 Paris