Concert en plein air avec Scott Hamilton et Dmitry Baevsky le 2 juin

Le Jazz Entraigues Festival assuré depuis juin 2010 par des musiciens passionnés de la commune d’Entraigues sur la Sorgue (84) met le jazz à l’honneur. En effet, c’est après un concert donné en juin 2009 par le Jazz FRiEnD’s Sextet dirigé à l’époque par Frédéric Fourcroy, saxophoniste, que Jean Luc Barcelli adjoint à la culture de la Mairie d’Entraigues et celui-ci ont eu l’idée de le créer. Frédéric Fourcroy est devenu le directeur artistique de l’événement où collaborent de nombreux bénévoles pour trois soirées gratuites et une payante le samedi soir avec un invité d’honneur, tels que par exemple les trois années précédentes, Rhoda Scott, Bireli Lagrene et Jean Jacques Milteau ! Cette année, la jolie scène extérieure qui accueille 350 privilégiés, a reçu la pianiste et chanteuse américaine Champian Fulton et nous eûmes la chance de ne pas subir d’orage ce soir-là pour écouter ce concert inédit.

Champian Fulton était déjà venue nous régaler de sa voix et de son swing au Tremplin Jazz d’Avignon en août 2016 et ses fans sont venus l’écouter à nouveau avec le saxophoniste ténor légendaire Scott Hamilton et le non moins réputé saxophoniste alto Dmitry Baevsky. Déjà venu à Entraigues en 2012, le ténor a enregistré un disque avec la pianiste l’an passé (The Things We Did Last Summer). Champian Fulton a reçu l’an dernier le prix « voix féminine de l’année » à la Hot House Jazz Magazine Award Cérémony et tous les trois se produisent régulièrement sur les scènes new-yorkaises. Pour ce concert inédit en quintet, elle s’est entourée également du contrebassiste espagnol Ignasi Gonzalez présent sur le disque, lequel a déjà accompagné aussi Scott Hamilton dans trois disques, et du batteur américain Joe Strasser qui joue souvent avec Dmitry Baevsky, entendu également aux côtés de Sam Yahel, Kyle Eastwood, Eric Alexander.

Un jazz heureux, généreux et plein d’échanges entre les cinq musiciens, un jazz qui fait l’unanimité car il charrie un swing fondamental qui a fait le bonheur des années be-bop, comme sait si bien le réveiller Dmitry Baevsky, l’un des saxophonistes les plus passionnants de la scène jazz actuelle, tout comme le vétéran du ténor Scott Hamilton si éloquent dans ses solos complexes et nuancés ! Tous deux se complètent parfaitement et échangent des chorus tout en harmonie très applaudis. La pianiste est en blanc cette fois, après la si éclatante robe rouge à Avignon, mais les yeux pétillent tout autant et elle se tourne vers les autres musiciens avec grâce pour communiquer avec eux. Elle ensorcelle l’auditoire autant par son jeu brillant proche de celui d’Erroll Garner que par sa voix proche de celle de Sarah Vaughan qu’elle adule, à faire pâlir de jalousie Diana Krall ! Nous avons ainsi entendu une belle exploration du Great American Songbook pendant plus d’une heure trente qui a commencé avec la chanson populaire It’s a Sin to Tell a Lie pour terminer avant les rappels avec le très relevé It’s All Right With Me de Cole Porter. Piano et saxophones montent en intensité et introduisent un superbe solo de batterie. Entre, nous entendrons quelques compositions du dernier disque dont le titre éponyme The Things We Did Last Summer où le duo saxophone ténor et piano nous emmènera dans une ballade très sensible. Magnifique duo de saxophones sur Good Bait de Tadd Dameron. Les hirondelles crient au-dessus de nos têtes lorsque 22 heures sonnent à l’église proche et que Champian Fulton entame Daydream. Instants magiques…Un long rappel sur le thème si bien chanté par Sinatra If I Had You, suivi d’un second en solo au piano que la pianiste affectionne par -dessus tout sur All Too Soon, terminera délicieusement mais bien trop tôt comme le titre le suggère, cette soirée magnifique ouvrant un peu les festivités de l’été proche.

Merci à Frédéric Fourcroy pour son accueil en souhaitant longue vie à ce sympathique festival !


Jazz Entraigues Festival