Anthony Braxton en solo, ca ne se refuse pas ! Et si le même soir vous avez le sextet ’Uplift" de Dave Douglas au Festival Sons d’Hiver au théâtre Jacques Carat de Cachan, vous êtes heureux. Christian Ducasse nous en dit quelques mots car il y était le veinard !
Anthony Braxton en solo, ça ne se refuse pas ! Et si le même soir vous avez le sextet ’ Uplift " de Dave Douglas, le tout au Festival Sons d’Hiver, au théâtre Jacques Carat de Cachan, vous êtes heureux. Christian Ducasse nous en dit quelques mots car il y était le veinard !
Attente non déçue pour un public assez profane, qui découvre l’art d’Anthony Braxton dans une grande nudité de moyens. Jadis le multi saxophoniste se plaisait en scène à de grands déballages de saxophones en tout genre, mais c’était jadis. Ce samedi à Cachan ce sera alto solo : un magnifique Super Action 80 Série II de chez Henri Selmer. Tout au long d’un set dense, foisonnant où palpitent des propositions personnelles, on s’imagine, tant la maitrise du maître est éloquente, un autre destin en démonstrateur (chez Selmer ?) du saxophone cher à Charlie Parker une de ses idoles. Mais la vie d’Anthony Braxton n’est faite que d’aventures en mode « versatile artist ». Jamais à court d’idée, ni de souffle, il amène l’auditoire vers ses récits passionnés. Marqué par l’histoire du bebop qu’il aime transpercer, Braxton offrira un standard signé Miles Davis (Four) en tempo médium et forme circulaire, celle qui dominera sa prestation en nu intégral. Standing ovation et entracte bienvenue.
Un autre mood, on s’en doute, celui du brillant Dave Douglas.
Dès les premiers instants il se trouve dans la salle un protestataire encore dans les vibrations du show Braxtonien. Décontracté, Dave Douglas convoque à la rescousse son copain Anthony qui valide la présence du sextet par force accolades au leader. Mais la musique savante de Douglas ne décollera pas vraiment. À ses côtés des pointures à la hauteur de son talent brillent, même si la singulière Mary Halvorson peine à dialoguer avec un autre guitariste au son tonitruant. Jon Irabagon livre des chorus de haut vol tandis que la rythmique délivre toute une série de séquences binaires s’appuyant sur les infra-basses de la guest star Bill Laswell. Les mélomanes notent le décalage avec les généreuses déclarations de Douglas pour un monde meilleur. Quelques pièces attestent néanmoins du standing de cette équipe qui force notre respect.
Sons d’Hiver poursuit ainsi sa riche histoire sous la nouvelle direction artistique de Fabien Simon tandis que son fondateur Fabien Barontini quitte discrètement le théâtre Jacques Carat tout sourire.
Christian Ducasse texte & photos
« Uplift » sextet :
Dave Douglas : trompette
Jon Irabagon : saxophone & clarinette
Mary Halvorson & Rafiq Bhatia : guitares
Bill Laswell : basse
Ian Chang : batterie