Ou comment le célèbre pianiste a échappé de justesse au confinement

Phot : Sophie de Courrèges

Musicien singulier, reconnaissable au premier coup d’oreille, jamais à la mode Thelonious Monk est donc indémodable. Seules varient les manières de l’appréhender. Exaltée à la Laurent de Wilde ou bien tempérée, pour prendre un exemple récent,à la mode de Caen. C’est-à-dire revue et légèrement corrigée par un collectif, pour une part issu, de l’équipe professorale du Conservatoire et de son département jazz. Soit Thierry Lhiver au trombone, Franck Enouf à la batterie, Yann Letort (l’inspirateur du projet) au saxophone et enfin Bernard Cochin à la contrebasse. Nous ne nous en plaindrons pas d’ailleurs ! Si le parti –pris d’un quartet sans piano éloigne de Monk, il est d’autres moyens de le retrouver. Les musiciens s’y sont efforcés, non sans succès. Improviser à partir des compositions de Monk, c’est aussi écrire des variations autour des thèmes du célèbre pianiste-compositeur. Et ce mélange d’improvisation et d’écriture a constitué l’essentiel de la soirée autour d’un piano absent. Cela a pu en désemparer quelques uns qui assimilent Monk à un classique alors qu’il est un novateur. Retrouver ce tempo suspendu, faire entendre cette légère dissonance compte tenu des thèmes que- paradoxalement pour la plupart- l’auditeur peut fredonner tels Ask me now, Pannonica, Crepuscule with Nellie
Triple pari tenu par le quartette qui, entre les duo saxophone - trombone, trombone- batterie ou bien encore saxo- contrebasse, est parvenu –grâce aux subtils arrangements du saxophoniste Yann Letort -à faire entendre un Monk aux sonorités renouvelées et faire découvrir un compositeur de génie au public le moins averti.
On l’aura compris, l’esprit et la lettre n’étaient pas tout à fait aux abonnés absents !


Yann Letort : saxophone
Thierry Lhiver : trombone
Bernard Cochin : contrebasse
Franck Enouf : batterie


Photo copyright Sophie de Courrèges