Festival, version courte

Première partie du compte-rendu de cette édition singulière de Jazz sous les Pommiers de la plume de Jean-Louis Libois suivie de la galerie des photos de l’événement par Sébastien Toulorge (en bas de page, ici...). Une second compte-rendu (par Thierry Giard) est là...

À défaut d’une semaine, un week-end lui a été consacré à Coutances.

Et c’était la bonne idée bien sûr. Pour l’équipe d’abord, pour les spectateurs ensuite et à plus forte raison pour les musiciens qui, à ce titre, ont remercié à tour de rôle Denis Le Bas et les siens. 3 jours, 8 concerts quotidiens et un dimanche en fanfare, ce n’est pas rien ! Il faut dire que pour tout le monde, l’été avait été muet ?

Certains s’étaient risqués à rompre le silence. Ainsi en juillet, 5 jours consécutifs de concerts différents dans le lieu unique du château de Canon au lieu des trois semaines de concerts répartis en divers lieux pour ces Promenades musicales au pays d’Auge. Mozart et Beethoven en quartette (Les Solistes du Concert de la Loge)avaient débouchés nos oreilles. Puis, fin août une jeune chanteuse noire, Celia Kamini ( elle sera au Bal Blomet à Paris le 24 octobre prochain, dans le cadre de Jazz sur Seine) et son trio avait ravi nos mêmes oreilles en revisitant les standards avec brio, lors d’un concert donné à l’occasion d’un mariage dans les jardins d’un autre château en Isère cette fois-ci. Alors, quatre concerts de jazz d’un coup, ça ne s’oublie donc pas.

Et c’est à Jazz sous les pommiers dans sa version condensée que nous le devons sur la bonne dizaine proposés ! Ainsi dès le premier d’entre-eux, La Marseillaise (bien apaisée, il est vrai) de Jacky Terrasson mettait un terme à notre tournée estivale des ducs. Pas de surprise au sens convulsif avec ce pianiste mais un plaisir toujours partagé entre un jeu à la fois classique et inventif au travers d’hommages (Ahmad Jamal, Keith Jarrett…), de reprises (Mozart, Chaplin…), de citations. Un patchwork de thèmes traversé lui-même de références. L’énergie mélodique et rythmique du pianiste en plus qui recolle aisément les morceaux. Bien secondé en cela par la contrebasse de Sylvain Romano et la batterie de Lukmil Perez pour ce qui finalement ressemble à un art du trio, vivement apprécié par un public remplissant au deux tiers le théâtre et par l’équipe d’Yvan Amar qui le diffusait le lendemain dans le cadre de son Jazz club.

Après les châteaux, place à la cathédrale et à son square de l’Evêché où dans le silence de la nuit coutançaise, résonnaient les accents endiablés de la jeune formation Léon Phal Quintette . Beaucoup d’énergie, une écriture maîtrisée, des improvisations décapantes forment un ensemble original constamment séduisant à l’oreille de l’auditeur.Y compris les univers sonores inédits de Gauthier Toux dont les claviers semblaient lui brûler les doigts. Auteur d’un premier disque Canto Bello sous la direction artistique de Julien Lourau, classé Révélation Jazz Magazine en 2019, ce quintette de Léon Phal a, pour toutes ses bonnes raisons, de beaux jours devant lui.

Place aux jeunes une fois encore, et retour dans le théâtre dès le lendemain avec Paul Jarret, ses compagnons et son batteur « vedette » invité, Jim Black. Nous avons eu l’occasion de saluer la parution des deux CD Emma et Sweet Dog avec enthousiasme dans l’appeal de disque, respectivement d’avril et mai 2020, l’occasion nous a été donnée de le découvrir sur scène et dans un nouveau contexte. Son idole, le batteur américain Jim Black (résidant à Berlin ; d’où sa présence rendue possible en France) à ses côtés a mis le feu au poudre. Musique à la fois dévastatrice et intime, tout en force et en subtilité nous a confirmé dans notre appréciation et, bien sûr nous a permis de découvrir un batteur américain à tout rompre.

Il y a des musiques qui vous élèvent, d’autres qui vous transportent voire vous arrachent…et d’autres qui entendent vous faire planer. Tel est le cas du concert d’Anne Paceo dans le cadre de sa troisième (et dernière )année de résidence à Coutances et sa création S.H.A.M.A.N.E.S. « Envoûtant » annonçait le programme. Tout y était, il est vrai : incantations et voix éthérées (Isabel Sörling, Marion Rampal), mise en scène réglée au cordeau , compositions soignées, musiciens-chanteurs talentueux… Le concert était ainsi pavé de bonnes intentions. La précédente création de la batteuse, l’an passé, nous avait déjà laissé perplexe.
Il faut bien en convenir, cela ne planait pas pour nous, salle Marcel Hélie ce samedi en fin d’après-midi. En conséquence, difficile d’apprécier dans ses conditions cette nouvelle création Disons que malgré tout, cela nous a semblé un tout petit peu naïf et un poil prétentieux. Mais… mais le public est venu nombreux, a apprécié la prestation, les organisateurs étaient satisfaits et la critique est bonne (d’Open Jazz à… Jazz Magazine).
« Duo en exploration planante » annonçait la presse locale pour le concert suivant ! Décidément !
Un festival pas comme les autres, écourté, avec l’ambiance en moins tout comme aux premiers jours du festival il y a 39 ans où seul le jazz comptait dans une cité indifférente mais parvenait quand même à réunir, en un week-end prolongé, quelques milliers d’afficionados. Il en est allé ainsi pour ce week-end et ses 4000 billets vendus.
Jazz sous les pommiers a bel et bien eu lieu.
Vivement le 40 ème !


Lire aussi :
> WEEK-END SOUS LES POMMIERS, Coutances (#2)(par T. Giard)


www.jazzsouslespommiers.com


Galerie photo de Sébastien Toulorge (18 et 19 septembre 2020).

Outre les concerts relatés dans les deux articles concernant le Weeek-End Sous Les Pommiers à Coutances, Sébastien Toulorge a élargi le champ pour CultureJazz en assistant à d’autres concerts.

Voici une sélection de ses images pour relater ce week-end particulier dans la cité épiscopale...

Concerts de : Jacky Terrason Trio, Léon Phal Quintet et Hasse Poulsen septet le vendredi 18 / Paul Jarret quartet avec Jim Black, Anne Paceo Shamanes, Ana Moura et Vincent Peirani le samedi 19.