Deux Billie, à l’écran et sur scène, en stand by.
BILLIE un film de James Erskine
ELEANORA un disque du Hot Sugar Band & Nicolle Rochelle
Billie, le film britannique de James Erskine basé sur une biographie inachevée de l’écrivain américaine Linda Lipnack Kuehl décédée en 1979 dans des circonstances mystérieuses (suicide ou assassinat ? ) avant d’avoir mené à terme l’œuvre de sa vie (200 heures d’entretiens réalisés), fait le récit de la chanteuse, désaxée entre prostitution, alcool, drogue et macs plus tarés les uns que les autres. Jusqu’alors, airs connus sauf le plaisir de côtoyer Louis Amstrong, Artie Shaw, Lester Young, Count Basie….et tous ses musiciens familiers de la chanteuse. Et bien sûr, celui de retrouver Billie Holiday chanter en public.
Un peu trop doloriste (dans l’air du temps-hors Covid) est-à notre goût-le parti-pris de ce documentaire , qui révèle néanmoins une Billie Holiday bouleversante, ne chantant que les séparations, les abandons avec une beauté tragique qui transfigure Lady Sings the Blues… Tant et si bien que l’un des interlocuteurs de la cinéaste la comparant à l’univers lumineux d’Ella Fitzgerald commente en riant : Lorsqu’Ella chante que son type est parti , on sait qu’il va chercher du pain et qu’il va revenir dans le quart d’heure qui suit alors que pour Billie, on sait qu’il ne reviendra jamais.
Et pourtant, il y a bien un univers plus revigorant de la Lady, plus swing que blues. Celui de ses jeunes années précisément du temps où elle n’était pas encore la Billie (même si ces années sont aussi celles où elle fugue, se prostitue et prostitue ses copines de 13ans) de l’entreprise d’auto-destruction précocement programmée .
C’est ce temps là qu’entend faire revivre le Hot Sugar Band avec, dans le rôle d’Eleanora (véritable prénom de Billie et qui donne son titre au disque), la chanteuse américaine Nicolle Rochelle confondante. Souvent, on croit entendre la voix de son modèle, une légère gouaille en plus (celle de la Joséphine Baker de Jérome Savary interprétée par ses soins au théâtre) Le Band sonne bien et le doit à ses sept musiciens inspirés et imprégnés des C. Basie, A. Shaw …
Faire revivre Billie peut sembler peine perdue mais rien n’empêche d’en restituer le goût et la saveur par l’entremise de musiciens familiers du répertoire et plus encore du swing de ces années 30-40. Et l’on se prend à rêver et... à éprouver cette nostalgie joyeuse semblable à celle qu’inspirent les compositions des génériques de Woody Allen (toutes fictions confondues), par ailleurs, lui même clarinettiste aguerri dans un Band de New Orleans.
Fondé en 2010, Hot Sugar Band devait accompagner la sortie de son disque avec une résidence au Sunset ce mois de novembre et un concert au Bal Blomet en décembre. Partie remise, on s’en doute. Tout comme probablement pour cette autre interprète de Billie, la canadienne Molly Johnson (Because of Billie) dans un registre plus intimiste, qui devait se produire au même moment à Lyon.
Quant au film Billie, les salles se sont refermées sur lui.
Pas de chance pour Eleonora-Billie !
Billie
Réalisation scénario : James Erskine
Avec : Billie Holiday, Tony Bennet, Sarah Vaughan, Count Basie, Charles Mingus….
Sortie 30 septembre 2O20
Eleanora Hot Sugar Band & Nicolle Rochelle The Early Years of Billie Holiday
Bastien Brison (piano), Julien Didier (contrebasse),Julien Ecrepont (trompette),Corentin Giniaux (clarinette, sax ténor, arrangements),Jonathan Gomis (batterie arrangements), Jean-Philippe Scali (saxo alto, clarinette, arrangements), Vincent Simonelli (guitare), Nicolle Rochelle (chant)
CQFD
L’autre distribution