Mercredi 20 octobre 19h

Centre Culturel Coréen- Concerts Jazz coréen

Avouons que nous ne connaissions rien de la musique traditionnelle coréenne, de ses codes, de ses mythes, ni du gayageum (가야금 en coréen) instrument très ancien du IVe siècle de la famille des cithares, munie d’une caisse de résonnance et de 12 cordes de soie reposant sur des chevalets amovibles. Nonobstant la distance, les différences culturelles et cultuelles, la structure totalement différente du langage entre nos pays, ce concert nous a laissé la douce impression d’y retrouver quelque chose qui tenait à l’universel et que nous appellerons tout simplement humanité.

À la fois interprète et compositrice, Park Kyungso est une instrumentiste qui se joue des barrières entre musique traditionnelle et contemporaine (contemporaine au sens le plus large possible du terme). Tradition ici ne veut pas dire relents identitaires, fermetures et rejets mais bien ouverture d’esprit, décloisonnement et surtout partage. Il ne s’agit en rien d’une musique mondialisée et aseptisée aux gros sabots mais plutôt de subtilités et de cultiver son jardin. Forcément ça nous parle nous qui voyons dans les arts une réponse aux succès des sophismes actuels.
Nul doute que Park Kyungso vêtue du hanbok, costume séculaire élégant aux couleurs chaudes et rafraichissantes qui suivant le rituel l’a défini en tant qu’artiste, soit une musicienne ancrée dans le monde actuel, elle qui revendique une écoute et une place multidisciplinaire du jazz au hip hop et autres. Le jeu des mains, virtuoses, dans un beau ballet aérien papillon, met en vibration les cordes, et en appuis subtils, tend les notes ornementant les mélodies. Relances, apaisements, jaillissements, variations rien qui ne nous soit étranger ; jeux de mains, jeux d’esprits que l’on devine profonds, d’une musique faite de gammes pentatoniques, de micros tons et de rythmiques essentiellement ternaires que ne renieraient en rien les improvisateurs de bien des contrées. Et pourtant musique qui porte en elle une identité forte qui s’enfonce dans la nuit des temps…

Ainsi de part le monde, l’humanité au travers de ses arts les plus divers, au delà de ses codes et ses mythes qui peuvent nous rester étrangers, converge par delà ses identités et son errance à trouver d’étonnantes similitudes instrumentales et poétiques qui nous lient et font fi des montagnes, des océans et des barrières artificielles. Nous croyons nous, que cela n’a rien à voir avec les anges.

Oh musique, Oh humanité !!!

Park Kyungso : Gayageum

Pierre Gros


Dans la même série de concerts autour du jazz coréen le 27 octobre NHK Trio et le 8 novembre E’ Joung-Ju & ZÔL