Tout d’abord, quel plaisir de retrouver le jazz en direct (pardon pour le pléonasme) ! Après une série d’articles traitant de la fermeture de salles sur la région marseillaise, nous assistons à un retour en force des concerts et à l’ouverture de nouveaux lieux. Ce vendredi 7 janvier au Moulin à jazz de Vitrolles, le public était masqué mais nombreux et enthousiaste pour lancer la programmation ambitieuse de l’Association pour 2022.

Michel Benita
© Marc Criado

Michel Benita est un musicien qui compte dans le paysage européen. Il a joué avec les plus grands : Lee Konitz, Horace Parlan, Archie Shepp, Daniel Humair, Peter Erskine, Nguyên Lê ou Aldo Romano pour ne citer que ceux-là. Mais, il est davantage qu’un excellent contrebassiste. La musique qu’il propose comme leader ne ressemble à aucune autre. Elle n’est ni vraiment électronique ni totalement acoustique, ni classique ni avant-gardiste. Ses morceaux ne présentent pas une succession de soli mais un flux, un jeu collectif où chaque musicien apporte sa pierre, une contribution plus ou moins longue et plus ou moins « en avant ». Chacun participe au son général dans lequel tout le groupe se fond. Ses compositions sont très attachées à une mélodie forte mais proposent des atmosphères, des espaces sonores, des climats (un morceau présenté a pour titre « Marée basse »).

Il faut écouter Michel Benita en concert car sa musique live est très différente de ses enregistrements (il fait partie du prestigieux label ECM) ! Du quartet de l’enregistrement, seuls deux musiciens étaient présents hier soir. Mais surtout, il n’est pas question de rejouer le disque ! Adieu la perfection du résultat, la scène est un lieu où l’on crée, où l’on cherche, où l’erreur est possible. Les bruits parasites, les coups, les larsens sont intégrés (parfois recherchés) et font partie du morceau

Un mot sur les musiciens, Michel Benita s’est toujours entouré de musiciens aux horizons, aux cultures, aux parcours différents. Il les déniche en dehors des circuits habituels et ils sont souvent inconnus en France. Pour son CD Ethics sorti en 2010, il avait présenté Mieko Miyazaki, une joueuse de koto, un instrument traditionnel japonais. Ici, les trois musiciens sont excellents. Le plus surprenant est peut-être Josef Dumoulin qui est un explorateur du son. Il est au centre d’une toile d’araignée de pédales, d’interrupteurs, de curseurs qu’il ajuste en permanence pour créer ses ambiances sonores. Son rôle au Fender Rhodes n’est pas d’accompagner les solistes mais de participer par des phrases, des riffs, parfois des séries d’accords aux flux du groupe.

Une grande soirée


Michel Benita : contrebasse
Jozef Dumoulin : Fender Rhodes
Yoann Loustalot : bugle
Dré Pallemaerts  : batterie


https://michelbenita.com/fr/