ALBERT AYLER . revelations

Elemental Music 4 CD ou 5 LP.

Saint-Paul de Vence, Fondation Maeght, 25 et 27 juillet 1970,

Albert Ayler : saxophones ténor et soprano, chant
Mary Parks : saxophone soprano, chant
Call Cobbs : piano, le 27 juillet seulement
Steve Tintweiss : contrebasse
Alan Blairman : batterie

Les deux concerts d’Albert Ayler à la Fondation Maeght en juillet 1970 sont passés dans la légende. Jean-Bernard Pouy a même imaginé qu’entre les deux concerts, Albert Ayler aurait été à Venise pour voir des tableaux du Tintoret, Tinetorette et Toquaille, in “Blue Polar”, ouvrage de la Série Noire offert aux acheteurs de 2 CD Blue Note [ Notons que plus de la moitié de l’ouvrage est consacré à Ayler].
La musique avait fait l’objet de la publication de deux albums doubles, quatre disques 33 t /mn donc. Cette nouvelle édition en 4 CD ou 5 LP donne les deux concerts dans l’ordre chronologique, ce qui a pour effet de montrer l’importance de Mary Maria (Parks), la compagne du saxophoniste. Il y a deux heures d’inédits.
Le livret (24 pages en anglais) donne tous les renseignements sur le déroulé des soirées, analysant chaque pièce l’une après l’autre. Il rappelle les circonstances des concerts et donne aussi une série d’hommage. On notera que dans celle-ci, Sonny Rollins déclare ne jamais avoir entendu Albert Ayler en direct. Ce n’est pas bien de sa part, puisqu’il partageait l’affiche de deux concerts successifs à Paris à la salle Pleyel en 1966, voir ici. Mémoire défaillante ?

Un regret : les concerts n’ont pas été filmé, semble-t-il, contrairement à ceux de Cecil Taylor, l’année précédente dans les mêmes lieux où l’on voit les spectateurs danser !

Certains artistes atteignent la maturité de leur style et n’en changent plus (Jelly Roll Morton, Thelonius Monk), d’autres évoluent fortement avec le temps (Duke Ellington, Miles Davis), mais d’autres encore meurent trop jeunes pour que l’on sache. C’est le cas d’Albert Ayler (Cleveland 1936-NYC 1970). Son style s’est cristallisé entre le 24 février (Witches and Devils) et le 10 juillet 1964 (Spiritual Unity, ESP).Par la suite, il le perfectionnera pendant les sept années qui lui restent à vivre. Un thème un peu sautillant [Ghost ressemble beaucoup à une chanson à succès du moment Un pyjama pour deux], une comptine joyeuse, évoquant une fanfare délirante et des solis hyper-lyriques avec un son très ample, obtenu en utilisant des anches très dures. C’est une musique de louange à Dieu, comme on la pratique dans les églises afro-américaines, ainsi Ghost n’est pas un fantôme, mais l’Esprit Holy Ghost c’est "l’Esprit Saint". C’est cette musique que l’on entend dans les enregistrements des concerts de la Fondation Maeght que les circonstances ont fait une œuvre définitive.

Philippe Paschel


https://fr.wikipedia.org/wiki/Albert_Ayler