Daniel Erdmann’s Velvet Revolution. Samedi 21 mai 2022 à 22h15 - Chapelle du Centre diocésain, Coutances (Jazz sous les pommiers)

Daniel Erdmann : saxophone ténor
Théo Ceccaldi : violon
Jim Hart : vibraphone

Théo Ceccaldi, Daniel Erdmann, Jim Hart
À Coutances, le 21 mai 2022.
© Sébastien Toulorge

Pour conclure, le trio nous offrit "Over the rainbow", un vol au dessus des couleurs arc en ciel de la chemise de Théo Ceccaldi. Dans le rôle du Magicien d’Oz, Daniel Erdmann, impérial comme toujours, flegmatique et facétieux. Costume cravate, c’est son dress code immuable ! Pour déployer les ailes de cette musique, le vibraphone de l’étonnant Jim Hart qui démultiplie les possibilités de son instrument sans artifices technologiques.
En achevant ce concert par cette chanson que rendit célèbre Judy Garland, on se prend à rêver d’un programme de standards remodelés par ces trois compères complices et pourtant si différents...
Mais revenons une heure vingt plus tôt. Entrée en scène du trio, 7 ans d’âge et une centaine de concerts à son actif. Ce soir, c’est la conclusion d’un cycle (séquence émotion). Le répertoire que composa Daniel Erdmann pour cette rencontre atypique dont il a eu l’idée va être mis au placard. Fin de la saison 1, donc.

Daniel Erdmann
À Coutances, le 21 mai 2022
© Sébastien Toulorge


Rassurez-vous, la saison 2 de cette série à succès (la preuve par les applaudissements nourris d’une audience nombreuse et conquise) débutera bientôt. Il s’agira cette fois d’un subtil assemblage de compositions de chacun d’eux. Un voyage vers le Budapest Music Center est prévu pour l’enregistrement du prochain disque qui paraîtra ensuite sur l’excellent label hongrois BMC records.

Réunir un saxophone ténor, un violon et un vibraphone n’a rien de commun. Pourtant, ça fonctionne merveilleusement bien. Preuve que la musique n’est pas une affaire d’instruments mais de musiciens. Côté musiciens, on est servi. De gauche à droite, le diabolique dandy du violon qu’est Théo Ceccaldi. Pizzicato, à la manière d’un ukulelé ou plus classiquement à l’archet, il exploite les possibilités du noble instrument dans les moindres recoins. J’avoue que c’est dans ce cadre, en sideman souplement contraint, que Théo Ceccaldi donne le meilleur (de mon point de vue). Au centre du jeu, Daniel Erdmann arbore un saxophone ténor magnifique qui m’a semblé bien neuf. Comme toujours, il fait sonner l’instrument avec une amplitude, un grain, un sens du phrasé élastique vraiment épatant. Dans son jeu généreux, on peut entendre les ombres de Ben Webster ou d’Albert Ayler, mais c’est bien du Erdmann qui nous est offert et on s’en délecte.

Jim Hart
À Coutances, le 21 mai 2022
© Sébastien Toulorge

À droite dans le chœur de cette chapelle coutançaise, Jim Hart est concentré sur les lames de son clavier. Avec ou sans son vibrato, recouvert de feuilles de papier, frappé entre les lames ou sur les tubes, le vibraphone devient un instrument à percussion aux possibilités insoupçonnées. Il apporte à l’ensemble les cadres rythmiques ou les nappes sonores évanescentes qui enrichissement la palette de l’ensemble. Se plaçant tantôt du côté de l’un ou l’autre de ses complices, à d’autres moments au centre de l’ensemble, Daniel Erdmann imagine une grande diversité de modes de jeu et entretient en permanence un swing implicite qui donne un balancement singulier à cette musique.
Du grand art pour un moment en lévitation, à l’écart des tumultes de la ville qui retrouve une agitation débordante qu’elle avait un peu oublié après deux années quasiment sans son festival. Nous n’en savourons que plus cette gourmandise musicale, hors-champ et presque hors du temps.

Les photos du concert par Sébastien Toulorge :
Clic sur l’image pour agrandir.

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