> Vendredi 25 mai - 20 h 30 - Petit auditorium du Conservatoire de Caen
Il semble bien que Barry Guy n’ait encore jamais joué en Basse-Normandie, en leader tout au moins. Heureusement, grâce au travail de fond effectué par Thierry Lhiver dans le cadre de la classe de jazz et avec le soutien et la confiance de l’équipe du Conservatoire et de l’Orchestre de Caen, cette lacune a pu être comblée.
C’est un véritable temps de formation et de confrontation de pratiques qui a été mis en place à cette occasion pendant ce week-end de Pentecôte 2007. Le travail s’est effectué autour de quelques axes : préparation préalable avec les musiciens du Big-band du conservatoire à partir des partitions transmises par Barry Guy, master-classes du vendredi au dimanche, concert du trio Dakryon le vendredi puis production finale le dimanche avec le big-band sous la direction de Barry Guy. A écouter les musiciens conviés à cette expérience / rencontre, le travail effectué aura été d’une richesse exceptionnelle tant sur le plan humain que musical. Malheureusement, nous n’aurons pas pu assiter au concert final. Les avis et commentaires seront les bienvenus !
Barry Guy partage sa vie entre deux passions : les musiques anciennes et baroque et l’improvisation / composition contemporaine. Outre ses travaux de leader (duos, trios, grandes formations avec l’élite de la musique improvisée britannique et européenne), on le retrouve aussi bien avec John Elliott Gardiner et les English Baroque Soloists qu’avec le saxophoniste chicagoan Roscoe Mitchell et son Transatlantik Art Ensemble.
En présence de son épouse (violoniste baroque de renom) Maya Homburger et du percussionniste suisse, Pierre Favre, il aura donné un concert naturellement pédagogique pour démontrer que des liens peuvent unir la musique ancienne et la musique d’aujourd’hui alliant composition innovante et improvisation libre.
En ouvrant sur une pièce du 9ème siècle, interprétée "en trois dimensions" puisque Maya Homburger jouait au milieu du public, en poursuivant par une Annunciation baroque (H.I.F. Biber), le trio a dérivé en douceur vers des univers plus aléatoires et spontanés avec, en point culminant, un solo de contrebasse furieusement inoui (Fizzles). Pierre Favre parvient à s’insérer avec toute la discrétion et la finesse qui le caractérisent dans le duo de cordes. En percussionniste amoureux des couleurs (timbres graves et mats de ses tambours, son ciselé de ses multiples cymbales), il se sera mis en avant dans une improvisation sobre et subtile, en solo.
En réponse à tous ceux qui restent sceptiques et frileux dans l’approche des musiques improvisées, mettant souvent en doute les compétences "musicales" des improvisateurs, ce concert aura été une preuve magistrale de la possible cohabitation des musiques très sérieuses avec les courants les plus innovants. D’ailleurs, à l’époque baroque, l’improvisation sur basse continue n’était-elle pas une pratique courante ?