Une brise tonifiante soufflait d’outre-Atlantique sur le rocher granvillais ce 9 avril. Jérôme Sabbagh était de retour sur la terre de France avec un quartet de grande classe au théâtre de la Presqu’île, un écrin magique pour la musique avec une soixantaine de places (la proximité entre public et musiciens) et une acoustique qui rend inutile toute sonorisation.
A l’initiative de ces concerts, Christian Ducasse, photographe et fou de jazz, ésident de ce quartier de la Haute-Ville et Michel Vivier, acteur, metteur en scène et
responsable du Théâtre de la Presqu’île.
Ces soirées sont conçues en deux "rounds" : une mise en bouche à 18 heures, cool, sans excès, mais un vrai concert cependant et le plat de résistance sur le coup de 21 heures et quelques pour des saveurs plus corsées. Sans oublier, le boeuf final au bar de la Rafale à l’angle des ruelles pavées au coeur de ce haut lieu granvillais...
Dans un contexte aussi chaleureux et séduisant, Jérôme
Sabbagh a fait merveille. Il confirme totalement sur scène les qualités qui se dégagent de son superbe album "North" (chez FreshSound New Talent). Sur une musique aérée, des compositions subtiles, Jérôme Sabbagh impressionne par son aisance à laisser s’épanouir le son du ténor. Ben Monder confirme qu’il est bien un des guitaristes les plus intéressants de la scène du jazz :
qualité du son, phrasé limpide. Chez lui, la musique se vit de l’intérieur : impassible il est complètement mobilisé par le jeu collectif...
Comme il le reconnaît lui même, modestement, devant le public, Jérôme Sabbagh a pu composer pour cette tournée un quartet de rêve ! Il a laissé à New-York sa rythmique habituelle (Joe Martin, Ted Poor) pour retrouver Dré
Pallemaerts, un batteur qui ne peut que donner envie de jouer. Efficacité constante, sens de la relance et qualité des finitions : un travail d’orfèvre soutenu par un Thomas Bramerie qui confirme ici ses qualités d’écoute et un toucher de contrebasse des plus sensibles...
L’essentiel du programme de ces deux sets était constitué des compositions personnelles de Jérôme Sabbagh figurant
sur l’album North.
On notera cependant au cours du second set, une interprétation de Free
Cell Block F., ’tis nazi USA, composition "rebelle" de Charlie Mingus qui colle particulièrement bien au son de ce quartet : l’âme et la pureté du jazz. Après Mingus, ce fut un quasi-coltranien Indian Song, composition du
Jérôme Sabbagh qui emmena ce concert dans le hautes sphères : magique !
C’est avec une version des plus cool de Skylark, le standard de Johnny Mercer & Hoagy Carmichael, que s’acheva ce beau moment, en attendant les prochains concerts granvillais car on ne pourra pas s’arrêter en si bon chemin. En grimpant jusquà la Haute-Ville, on peut, désormais côtoyer les étoiles de plus près !
Ce jour-là, le quartet de Jérôme Sabbagh était à Granville pour deux concerts, à 18 heures et 21 heures. organisation Presqu’jazz / Théâtre de la Presqu’île
> Jérôme Sabbagh :
saxophone ténor
> Ben Monder : guitare
> Thomas Bramerie : contrebasse
> Dré Pallemaerts : batterie
C’est au bar de la Rafale que se rejoignirent musiciens, organisateurs, quelques spectateurs et des habitués du lieu pour un boeuf bien chaleureux. S’y retrouvèrent et s’y succédèrent :
Samuel Loison et Dré Pallemaerts -batterie- ; Ben Monder -guitare- ; Jérôme Sabbagh et Guillaume Marthouret -saxophone ténor-... Faute de place pour la contrebasse,
Thomas Bramerie eut droit à un peu de repos !
Patron, remettez-nous la même chose... pour la prochaine fois
!
N.B. : A consommer sans modération, bien sûr ! L’abus de jazz n’étant pas dangereux pour la santé, c’est bien connu !