[ Cet article est un des premiers publiés sur CultureJazz, en novembre 2003 ! ]
Les derniers albums et les concerts des trios "Happy Apple" et "The Bad Plus" ont mis en évidence, non seulement l’excellence de ces deux formations qui dépoussièrent sérieusement des formules assez conventionnelles, mais surtout le talent et la créativité de David King, batteur qui fait le lien fort entre ces deux trios issus de Minneapolis.
David King montre de façon exemplaire ce que peut être la vitalité du jazz aujourd’hui dès lors qu’on ne s’embarrasse pas de principes et de contraintes sclérosantes en laissant parler sa spontanéité. Avant d’être le batteur de deux trios qui fonctionnent sur la notion de groupe (sans leader affirmé), c’est avant tout un musicien qui possède une grande maîtrise de l’espace sonore. Il apporte une touche essentielle à l’œuvre collective, faisant ainsi figure de pilier dans des édifices en mouvance constante. Batteur "solide", il affirme et assume ses choix, sachant marteler le tempo quand il le faut, il peut devenir minimaliste en plaçant de légères touches sonores à l’aide d’accessoires hétéroclites.
Dave King témoigne d’un ouverture culturelle très large allant du heavy metal aux formes les plus diverses du jazz sans renier les apports de la période free par l’usage d’intruments et d’objets divers (talkie-walkie, jouets, objets divers, voir des instruments semblant d’un autre âge comme le mellotron des 70’s). Outre les deux trios cités ici, il collabore à sept autres formations dont le quartet "électrique" du pianiste Bill Carrothers ("The electric Bill").
Il serait un peu réducteur de laisser entendre que ces deux formations trouvent leur intérêt dans le seul talent de David King. On a à faire là à deux groupes qui ont leur identité propre et chaque élément consituant est une composante essentielle sans laquelle l’édifice ne pourrait exister. Il faut également signaler que les superbes prises de son des deux derniers enregistrements de ces trios privilégient le son d’ensemble en restituant l’ambiance "live" du studio sans artifices.
Composition de chacun de ces trios :
The Bad Plus : Reid Anderson (contrebasse) ; Ethan Iverson (piano) ; David King (batterie)
Happy Apple : Erik Fratske (guitare basse, guitare) ; Michael Lewis (saxophones alto, soprano, tenor, clarinette basse) ; David King (batterie, jouets, megaphone, talkie-walkies, mellotron...).
A écouter sans hésitation :
Happy Apple : "Youth Oriented"(2002) - Nato. La rencontre du trio avec le producteur français Jean Rochard et ses disques Nato. Comme toujours depuis le début des années 80, Jean Rochard accorde une grande importance à l’esthétique de ses albums, faisant souvent appel à des spécialistes de la BD pour mettre en scène le projet musical...Là, c’est le dessinateur Boucq et le scénariste de BD Jean Annestay qui offrent dans le livret du disque leur interprétation de Youth Oriented.
The Bad Plus : "These are The Vistas"(2003) - Columbia records
Thierry Giard - 11/2003
Note 2023 :