UN VOYAGE À JUNAS (30250)

Samedi 22 juillet 2023

La fine équipe du festival gardois, situé entre Nîmes et Montpellier se plaît à convoquer des artistes venus de destinations lointaines. Ce faisant elle réduit l’empreinte carbone de son fidèle public qui se déplace lui sur de courtes distances. Leur signature : une démarcation des programmations attendues.
Accès possible à Junas pour les voyageurs : de la gare de Nîmes prendre le bus 141 (2 €) en direction de Sommières et descendre à Aujargues. Finir à pied (2 kms) ou en stop pour parvenir à destination.
Jazz à Junas, trente ans d’âge, une belle fraîcheur dans un cadre qui constitue à lui seul un spectacle. Un collectif motivé où dominent de forts accents locaux, ceux de l’Occitanie en mode langue d’Oc. Le porte-parole Sébastien Cabrié l’illustre quand il s’exprime auprès de l’envoyé spécial du Figaro Olivier Nuc ou de son hôte de marque le gascon Alex Dutilh.

À Junas les musiciens invités accèdent à la postérité de leur vivant. Nom de rue à leur gloire, traités comme des stars quelle que soit leur notoriété, les artistes savourent l’accueil dans ce village où en fin d’après midi les premières notes de jazz sonnent place de l’Avenir.
Le programme imprimé mentionne des horaires indicatifs, car ici rien de presse. Premier show annoncé à 21h mais qui sera un peu retardé car ce samedi il convient aussi que la température descende à un niveau acceptable pour le plus grand nombre.

L’AFFICHE

Le Sacre du Tympan,12 instrumentistes sous la direction d’un chef charismatique, Fred Pallem.
Ce Fred qui jadis étudiant au CNSM de Paris (département Jazz et musiques improvisée) a imaginé et créé au printemps 2000 cet orchestre étonnant. Un vaisseau spatial traversant le temps et les univers.

Au programme du soir, le principal du dernier disque « X » (achat indispensable) voyage dans des au-delà.
« X » pour dixième opus du Sacre du Tympan vibrant de la créativité de ses membres tous aux atours de leaders. Une section de corde féminine qui balance dans le son et le visuel, des soufflants époustouflants, dont Christine Roch dont on guette les interventions (saxophones et clarinettes). Un pilier, une borne, un garçon indispensable des toutes première heures : Vincent Taeger (batterie et percussion).
Entendu après coup d’un couple de musiciens venus de la Manche : «  Le Sacre, la claque de l’été ».
Oui, un ensemble qui met des claques, fait basculer vers des mondes inédits ou oubliés.

Fred Pallem a ses références (François de Roubaix, Jean-Claude Vannier, André Popp, …), son érudition impressionne. À ceux qui pourraient se sentir largués par cet objet musical non identifiable, si ce n’est un swing festif universel, Fred Pallem évoque la mémoire de Wayne Shorter et dégaine « Mysterious Traveller » du répertoire de Weather Report : moment de grâce.
L’humour habite l’ensemble, titres et interprétations des morceaux dans la tonalité.

À l’issue d’un tel show, une pause s’impose, elle durera ce qu’il convient dans l’attente de Kutu soit la rencontre forcément détonante du violoniste Théo Ceccaldi et de deux chanteuses Éthiopiennes.

Plus de 23h, rien de presse vraiment et Fred Pallem devise au milieu du public avec ses collègues Théo Ceccaldi et Cyril Atef pas pressés de regagner le podium.
Le temps semble s’arrêter dans les anciennes carrières de Junas, mais sur scène la cadence reste vive.


LE SACRE DU TYMPAN
Fred Pallem : direction artistique, basse, guitare / Vincent Taeger : batterie et percussions / Guillaume Lantonnet : percussions / Guillaume Magne : guitare / Sébastien Palis : clavinet, orgue / Rémi Sciuto : flûtes, sax baryton & sopranino / Christine Roch : sax tenor & clarinette basse / Sylvain Bardiau : trompette, bugle / Daniel Zimmerman : trombone / Anne Le Pape : violon / Aurélie Branger : violon / Séverine Morfin : alto / Solène Chevalier : violoncelle.

KUTU : Hewan G/Wold : voix / Haleluya T/Tsadik : voix / Théo Ceccaldi : violon / Valentin Ceccaldi : violoncelle et basse / Akemin Fujimori : claviers / Cyril Atef : batterie.