Sunside Mardi 07 novembre 2023/21h30

Sue Mingus, la veuve de Charlie Mingus en instaurant le Mingus Big Band a su perpétrer le souvenir musical de son mari bien connu non seulement pour son immense talent mais aussi pour son insatiable colère contre certaines inflexions étasuniennes.

Toujours est il que ce qui est devenu une institution se produisant régulièrement au Birdland a permis à de nombreux musiciens de se frotter à cette musique pour le moins exigeante, exigeance non seulement en terme technique mais aussi en esprit. Alex Terrier saxophoniste alto se partageant entre New York et Paris, fait partie de cette cohorte de musiciens privilégiés et méritant qui ont su provoquer cette chance. Il nous vient ici avec un projet qui a pour but de revisiter cette musique. L’art de Mingus est celui de l’engagement autant sonore que de rendre compte du blues le plus profond, de la transe quasi mystique. Ici en compagnie du mussipontain Cedric Hanriot inclassable sculpteur sonore, de son complice bassiste Bertrand Béruard et du poly-rythmique Antonin Violot, nos quatre compères renversent la musique du grand Charlie. Comme dit plus haut les compositions du génial contrebassiste ont une très forte empreinte stylistique et il convient de ne pas trop en brouiller les pistes pour en garder à la fois l’humeur et la puissance. De même il faut éviter toute dévotion béate forcement vouée à l’échec.

Alors il reste à se servir dans ce grand pot de la thématique mingusienne, d’en faire quelque chose, d’expérimenter et d’essayer. Par exemple sur Haitian Fight Song qui est une chanson sur l’injustice et la détermination à la combattre le parti pris est celui d’une transformation radicale de l’organisation de la pièce, une interaction entre les différents instrumentistes du quartet en retournant les phrases de la composition originale, de même pour Nostalgia In Time Square ou encore l’emblématique Goodbye Park Pie Hat ici étiré comme si on avait voulu aller voir dans ses tripes de quoi il en retourne et reprendre à nue la magnifique mélodie Duke Ellington’s Sound of Love. Certes l’aventure est encore fraiche et mérite de murir mais c’est bien là le mérite de s’en prendre à l’esprit mingussien, ça brule.
Pleins d’espoirs à suivre dans les futurs développements de ce nouvel ensemble.


Alex Terrier : saxophone alto
Cédric Hanriot : piano, synthé
Bertrand Bérard : basse, contrebasse
Antonin Violot : batterie