Chaque année, ou presque, l’ARFI nous emmène dans un lieu différent à la saison automnale. Habituellement il s’agit des Eclats ARFI. Mais cette année ils font une pause. Rien n’était perdu puisqu’il s’agissait de retrouver la Marmite Infernale dans un lieu inconnu. Ceci représentait en soi une bonne surprise de découvrir un nouvel espace dans le troisième arrondissement de Lyon. Il s’agissait de dépasser la gare de la Part-Dieu côté opposé au centre commercial. Cette partie là est constituée d’un quartier tertiaire à l’image de l’immense bâtisse de la CPAM. Le reste des immeubles anciens ou modernes font penser à une cité dortoir. L’ancien foyer de jeunes travailleurs MAJO relève de cette fonction. Mais en regardant dans sa diagonale nous observons qu’à la place de l’Hôtel Social de la Ville de Lyon il y a un terrain vague. Cette structure d’hébergement compta parmi ses pensionnaires le principal accusé dans l’affaire Agnès Le Roux disparue en 1977. ARTE vient de consacrer un long reportage en trois actes de ce périple judiciaire sous le titre "Tant que qu’ils ne retrouvent pas le corps...". On se dit après ce visionnage qu’il y a des personnalités qu’il ne vaut mieux pas croiser dans l’existence.

Après avoir parcouru un labyrinthe de rues nous finissons devant L’Assemblée, fabrique artistique, ancien bâtiment industriel recyclé, dont la vastitude des pièces témoignent de cela.

C’est ici que le collectif a passé quatre jours de résidence. Ce travail de constructions partagées ils vont nous le restituer. Ces journées ils les estiment communicables, le temps d’une rencontre auprès d’un public averti, toujours prêt à découvrir cette discipline occasionnelle goûteuse. L’expérience temporelle démontre les intentions de l’ARFI à ne pas se mettre à l’abri des situations inconfortables. Mais bien au contraire de s’astreindre à une réflexion obligée sur un espace donné, étroit, quitte à y instaurer une urgence pour chacun d’entre eux, à la façon d’une quête de vérité personnelle. Cette activité tendra a distribuer les fonctions, puis à rendre questionnable le rôle de chacun, pour que s’achève le parcours d’élaboration vers des occasions flottantes capables de faire émerger librement toutes les formes imaginables d’improvisations imminentes.
Pour Paul-Claude Racamier "Lorsque la petite musique de l’objet intérieur s’arrête, il se fait un vacarme terrible, qui est le bruit de la psychose." Fort justement les protagonistes ici présents ne manquent ni d’esprit ni de souffle pour faire exister une authentique force intérieure tangible, avec laquelle ils savent s’imposer par un mascaret d’initiatives à gérer en permanence. Ce droit à vouloir proclamer sa vision la Marmite Infernale le défend à l’infini, la première manoeuvre consistant à se confronter aux autres complices dans une parade mise à l’épreuve par oscillation de choix adaptés au besoin maximal de liberté. Les investissements respectifs nous conduisent par leur potentialité en répartition, vers le bien le plus précieux que nous pouvons détecter ostensiblement.

Une nouvelle fois nous constatons que la Marmite n’est pas placée à l’intérieur d’une chambre froide noire fermée à clef.
Par moment on pressent une forme de mutinerie, lorsque certains jaillissent des buissons ardents d’où ils s’écartent de la scène fixe en terme de sorties de route affirmées, avec la ferme intention de fuir les lieux communs.
Les diverses intrications d’alliances se formulent avec le tenant lieu de la trame résidentielle dont ils se réfèrent pour finaliser l’accomplissement scénique. Par ce rouage ils nous transportent du côté de la clef des champs, proche de la divagation insondable, jalonné par des moments de trêve que permet le petit récit élaboré les jours précédant cette sortie dévoilée. Cette étrange partie consiste à constater comment ils sont capables à toujours satisfaire cette visée de reconnaissance, pour reconstruire la prochaine étape et y retrouver un sens commun indéniable.
De cet objet médité ensemble il nous reste la vision du souvenir d’un cube multiforme ainsi que d’une mosaïque couverte de représentations. Le vecteur sensoriel musical sur lequel ils s’étayent de manière adéquate, vient y faire naître la racine de l’impromptu continuel.
Cette expérience ne devrait pas rester sans retour ni sans suite. La Marmite Infernale souhaite incorporer à ce projet d’autres musiciens/musiciennes venus-es d’univers et d’horizons dissemblables, dans l’objectif de cultiver les différences avec un effet miroir. Un projet que nous ne manquerons pas de suivre dans les espaces créatifs à venir.

Clément Gibert (Saxophone & Clarinette) Jean-Paul Autin (Saxophones, Clarinette & Flûtes) Olivier Bost (Trombone) Colin Delzant (Violoncelle) Christophe Gauvert (Contrebasse) Félix Gibert (Soubassophone) Damien Grange (Voix) Thibault Martin (Batterie) Alfred Spirli (Batterie, Objets sonores)


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