Les frères Belmondo paient leur tribut au Grateful Dead.
Le BELMONDO sextet, c’est Lionel BELMONDO saxophone ténor et soprano et arrangements, Stéphane BELMONDO trompette et bugle, Thomas BRAMERIE contrebasse, Eric LEGNINI Fender Rhodes, Laurent FICKELSON orgue Farfisa et Fender Rhodes et Dré PALLMAERTS batterie. Une bande de potes qui courent les routes depuis de nombreuses années et prennent grand plaisir à jouer ensemble : ça saute aux yeux !!! Et venu dans ce haut lieu du rock et des musiques d’aujourd’hui : le PLAN à Ris-Orangis, au-delà de la banlieue, en pleine périphérie, pour jouer son programme du moment : DeadJazz dédié à la musique du Grateful Dead. Le Grateful Dead, c’est quoi pour les béotiens ? Un groupe de rock emblématique des années 60-70 : époque du psychédélisme ( acid test-LSD-Hofman-Timothy Leary et sa politique de l’extase-Ken Kesey et ses Merry Pranksters, Aldous Huxley-Allen Ginsberg....) qui a ouvert une brèche abyssale dans l’océan de conformisme de l’american way of life sur fond de guerre du Vietnam.
Donc ce sextet de fortes personnalités de la scène Jazz s’est mis en tête de jouer des morceaux du Grateful Dead choisis parmi les plus emblématiques et successfull.
Sunflower , pour débuter, avec l’épatant duo trompette-sax sorti de la grande époque du bebop ( oui, Miles et Coltrane bien sûr ) et les deux claviers ( Weather Report sonne en arrière plan mémoriel), Solo de trompette avec le batteur qui joue comme devant une porte de magasin étiquetée Poussez fort !!, solo d’orgue Farfisa avec le batteur toujours en train de pousser, solo de ténor. Voilà, on y est : pas d’acide sur les billets d’entrée, rien à sucer, sauf cette musique ici et maintenant au goût d’éternité.
Suit une suite That’s it for the other one ( Cryptical envelopment puis Quadlibet for tender feet, enfin The faster we go, the rounder we get ) : d’abord un quelque chose quasiment mystique ( oui, les sixties-seventies le furent, mystiques et utopiques) : trompette bouché et farfisa planant, thème lentissime sur fond de Fender qui ronronne ( cette vague de son allant-revenant-tournant, mmmmm ), Lionel à la flûte traversière en bois, Bramerie à l’archet, Stéphane soufflant dans un gros coquillage : il ne manque plus que les colliers de fleurs et l’encens. La seconde pièce de la suite sur un tempo de blues-rock funky à la scansion intense offre une battle aux clavieristes, l’un soloïse l’autre aux accords et lycée de Versailles ; Pallmaerts attaque sa batterie avec une vigueur soutenue par des riffs tutti avant que trompette et sax ne reprennent le thème. Tout ça dans l’esprit de cette époque où le temps s’effilochait au gré des substances ingérées, temps sans commencement ni fin, pur Tao.
Stella Blue sonne comme une berceuse : Legnini l’introduit seul au Fender avec délicatesse, retenue, élégance, rejoint par le bugle (douceur assurée) puis le ténor. Bramerie se fend d’un solo poignant sur une nappe d’accords tenus aux claviers, tout ça est très beau, prenant, jouissif.
Dans Dark star , c‘est Fickelson qui sera la vedette avec un solo façon 70’s : aucune limite de durée, musique inouïe, liberté totale, poursuivi par le soprano puis la batterie.
Bird song clôt le concert : Legnini se tait, on a droit un moment de pur jazz avec le quartet trompette-dms-cb-farfisa puis le trio dms-cb-fender où Fickelson brille encore.
Cette bande de musiciens trop jeunes pour avoir connu le Grateful Dead s’empare de leur musique avec un aplomb et une vigueur remarquables, ce concert ouvre lui-même une brèche jubilatoire dans la grise époque macroniaise que nous traversons, sans oublier, en toile de fond, la fidélité des membres du Belmondo sextet qui fait écho à celle des membres du Grateful Dead.
Espérons que les 114 personnes présentes ( dont 3 seulement ont reconnu connaître le Grateful Dead), attireront l’attention du programmeur pour d’autres concerts jazzeux réguliers dans cette périphérie.
PS 1 : pour ceux qui veulent s’immiscer dans la brèche, regarder le DVD ANTHEM OF BEAUTY s’impose.
PS 2 : la station de métro Saint Placide n’est pas un point de deal LSD.
Le Plan
1 avenue Louis Aragon, 91130 Ris-Orangis