Beffroi de Montrouge, lundi 4 mars 2024


Depuis la présidence d’André Hodeir (1954-1960), seules 4 autres fortes personnalités se sont succédées à la tête de l’institution : Maurice Cullaz (1961-1992), Claude Carrière (1993-2004) puis François Lacharme (2005-2022).

Jean-Michel Proust inaugure son mandat. Connu comme homme de radio et programmateur de festivals ou clubs, doit-on préciser que Jean-Michel Proust fait autorité au saxophone ténor ?

Le gout de l’improvisation singularisa la cérémonie 2024, des plateaux haut en couleur réunirent les nominés des catégories « Musicien Européen », « Prix du disque Français » et « Prix Django Reinhardt ». Jubilation où les extra-nationaux Federico Casagrande (guitare), Daniel Garcia (piano) et Andreas Schaerer (vocal) s’en donnèrent à coeur joie.
Le collège électoral a gratifié le Suisse fort ludique Andreas Schaerer.

Moment de grâce de la soirée, la réunion habitée des maestros Laurent Cugny (piano), Pierrick Pédron (sax alto) et du phénoménal Henri Texier (contrebasse).

« Prix du disque Français » attribué au tentet de Laurent Cugny « Zeitgeist » (Frémeaux) tandis que Pierrick Pédron fut couronné, « Grand Prix de l’Académie du jazz », pour son incroyable duo avec Gonzalo Rubalcaba (Gazebo).
Rien cette année pour le colossal Henri Texier qu’il conviendrait de classer hors concours.

Souci d’ouverture, de quelques 50 membres, la nouvelle Académie, en compte 81 à cette heure.
« Prix Django Reinhardt », le plus attendu, prestige éternel garanti pour son lauréat, a été attribué à Grégory Privat. Au delà d’un talent confirmé, d’un soliste très sollicité, notons le sacre du swing caribéen. Le batteur Arnaud Dolmen était lui aussi finaliste.

De concert avec Laurent Coulondre (multi-claviers) les trois complices livrèrent une performance gorgée de joyeusetés rafraichissantes évoquant Claude Nougaro et Michel Petrucciani.
Tout au long de la cérémonie, les années anniversaires défilèrent en maints tableaux commentés : 1954, 1964 … 2004, 2014, ailleurs les identités artistiques des nominés opportunément exposées.
Exercice dans lequel les chevilles ouvrières de l’Académie, la plupart fins érudits, purent librement s’exprimer : Arnaud Merlin (France Musique) David Koperhant (Tsf Jazz), Bruno Guermonprez (Jazz News) Jean-Marc Gelin (les Dernières Nouvelles du Jazz / Aligre FM) rejoints de la nouvelle vague Alice Leclercq (Jazz News) ou Marjolaine Portier-Kaltenbach (Jazz à FIP). Un collectif en action.

« Prix Evidence » ou révélation Française de l’année : le pianiste Mark Priore en pleine lumière sous les yeux de son mentor Giovanni Mirabassi (Jazz Eleven). Mark Priore eut l’ingrate mission de suppléer Gonzalo Rubalcaba puis de suivre Pierrick Pédron dans l’univers d’ Ornette Coleman. Courageux.
Palmarès recentré sur seulement sept prix dont un vraiment magistral attribué au documentaire « Zero Gravity » consacré à la vie de Wayne Shorter. Trilogie visible uniquement sur Amazon.

Invité spécial : Edouard Rencker patron de Jazz Magazine crée la fameuse année 1954, indiqua sa fierté de perpétuer une histoire novatrice de la presse magazine où la photographie avait une place de choix.

Sur scène le bienfaiteur privé n°1 exprima son engagement à travers Mathilde Favre représentant la généreuse fondation BNP Paribas.

En after show, académiciens et sympathisants devisèrent en mode retrouvailles. Misty le chien le plus jazz de la place de Paris (propriété de Martine Palmé, agent d’influence et productrice) étant au centre de ces discussions conviviales.