Voilà un manga peu banal de Shinichi Ishizuka crée en 2013 puis traduit en France aux éditions Glénat en 2018, entièrement dédié aux musiciens de jazz et à son expression la plus libre, le free jazz et réalisé par le cinéaste japonais Yuzuru Tachikawa.
Film passionnant et non édifiant en dépit de son scénario initial quelque peu prévisible.
Le jeune protagoniste joueur de basket mais répétant inlassablement saxophone rivé au corps, la nuit, dans le froid, sous la neige, en solitaire et partant du constat que « très peu de gens écoutent du jazz » décide de devenir « le meilleur jazzman au monde ». Certains évoquent le destin de Sonny Rollins jouant seul en cherchant l’inspiration pendant des heures entières sous le pont de Williamsburg à la fin des années 50.
Toujours est-il que sa volonté finit par forcer le destin aidé en cela, il est vrai, par la propriétaire d’un ancien bar de jazz, privé de concert et un acolyte pianiste talentueux. L’histoire ne pourrait qu’être ’édifiante si la musique, son apprentissage ne venaient ponctuer cette saga. Sans compter le destin singulier de ses deux comparses du trio, un batteur apprenti et un pianiste surdoué mais suffisant. Le saxophoniste brille de tous ses feux lorsqu’il fait face au public, résumé d’abord à deux étudiants puis à une poignée de jeunes gens et débouchant enfin sur une grande salle de concert.
Filmés à partir de vue réelles reconstituées par la technique de la  motion capture , les musiciens ainsi animés sont dotés d’une gestuelle très réaliste dont le réalisateur s’émancipe dans un second temps à l’aide d’un invention graphique étincelante qui amplifie spectaculairement l’émotion musicale. Réalistes sont aussi la psychologie et les comportements de ses apprentis musiciens et les péripéties qui émaillent leur parcours ( les échecs, un accident..)… Aussi bien la passion dévorante du protagoniste que l’apprentissage un tantinet laborieux du batteur sous l’oeil bienveillant de son copain saxophoniste que les remontrances de ce dernier à l’égard d’un pianiste trop sûr de ses moyens et aux chorus répétitifs sont autant de péripéties de ce parcours vers la gloire.
L’énergie du free jazz qui enflamme ce futur leader est communicative entraînant dans son sillage aussi bien l’enthousiasme de ses premiers spectateurs que des programmateurs et des producteurs.
Et en dernier lieu bien sûr, celui des spectateurs de Blue Giant qui, non seulement apprécieront l’invention graphique de l’auteur lui-même mais tout autant la bande son originale due à la compositrice Iromi Uehara et au saxophoniste Tomoaki Baba.