Excusez-moi mais j’aime les histoires ! Alors, c’est parti ! Jacques est né en 1962, il est le fils de Simone et d’André Schwarz-Bart, deux monstres sacrés de la littérature aux Antilles, en France et au-delà. Diplômé de Sciences Po, il se lance, parallèlement à sa carrière, dans l’étude du saxophone jazz à l’âge de 24 ans. Alors qu’il est Attaché parlementaire, il assiste au Caveau de la Huchette à un concert du guitariste Garrison Fewell (1953-2015). Garrison Fewell n’est ni le plus connu ni le plus en vogue des guitaristes (je ne le connaissais pas). Grand pédagogue, je recommande à tous les guitaristes de suivre ses cours sur internet mais aussi et surtout d’écouter sa musique qui est remarquable et inspirante. Mais je m’éloigne… Donc, dernier set du guitariste, le public est parti, Garrison Fewel voyant qu’il a son sax avec lui, invite Jacques Schwarz-Bart à le rejoindre sur scène. Impressionné par le niveau atteint en à peine un an et demi, Garrison Fewel l’encourage à s’inscrire au Berklee College of Music de Boston où il est professeur.
Six mois plus tard, Jacques Schwarz-Bart repart dans l’autre sens, il passe avec succès une audition et intègre Berklee. Tout n’est pas facile dans la « grosse pomme » (il évoquera très pudiquement quelques difficultés sur scène) mais il finit par se faire une place et imposer sa musique. Il vit depuis une vingtaine d’années à Harlem, il écume New-York et joue avec les plus grands en particulier avec le trompettiste Roy Hargrove (1969-2018). Il a, à ce jour, enregistré 11 albums en leader.

Jacques Schwarz-Bart se présente en trio au Hot Brass d’Aix-en-Provence avec Reggie Washington, un Américain qui vit à Bruxelles, à la basse et le bouillonnant batteur Arnaud Dolmen. Visiblement, il apprécie l’ambiance « club de jazz ». Il communique beaucoup avec le public et il a préparé un programme spécial : un mélange de son dernier album Harlem suite (2023) et d’albums plus anciens, pensés autour des percussions et des rythmes de la Guadeloupe. A l’inverse de ce qu’on peut entendre dans les clubs et les festivals, que l’on pourrait appeler le « jazz européen », Jacques Schwarz-Bart met en avant la mélodie et le rythme. Il aime et soigne ses thèmes comme par exemple dans le morceau « From Goré to Harlem », ses improvisations sont très mélodiques et ses phrases sonnent parfois comme le début d’un thème à venir. De nombreux morceaux, comme il l’expliquait au public, sont bâtis à partir de rythmes de la tradition du Gwoka. Arnaud Dolmen, qui était époustouflant hier et qui connaît cette tradition, tient une place centrale dans l’architecture du groupe et des morceaux. Enfin, Jacques n’est pas le fils de Simone et d’André par hasard, il arrive sur scène et dans la vie avec le poids d’une culture liée à une terre, à une histoire et à des racines. Il transporte son monde sur scène, à Harlem et partout où il va.


Jacques Schwarz-Bart : Saxophone
Reggie Washington : Basse et Contrebasse
Arnaud Dolmen : Batterie


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