Samedi 25 mai 2024 15H30

" J’irai revoir ma Normandie, c’est le pays qui m’a donné le blues "
Le ton est donné : le facétieux Emmanuel Bex a encore frappé même si c’est à la chanteuse Elodie Saint que revient d’entrer en scène affublée d’une tête de bovin et de réinterpréter de la plus "jazzy" des manières cet air traditionnel normand.

Il est vrai -rappelait le programmateur Michel Dubourg, pour ce dernier « Jazz dans les Foyers" de la saison— que le jeune Emmanuel Bex lors de son premier concert dans ces mêmes lieux, quelques décennies auparavant , faisait circuler un train électrique sur le devant de la scène pendant sa prestation.
Le concert que les amateurs de jazz avaient pu entendre la veille à Esquay sur Seulles pouvait donc commencer et on retrouvait les mêmes musiciens qui avaient inauguré cette création dans le cadre du bien nommé festival Jazz dans les Prés (culture jazz du 09-12-19).

L’humour et l’invention des protagonistes ont injecté à ces « standards" du folklore régional, une fantaisie qu‘on a peine à imaginer. Ainsi la chanson « J’ai vu le coucou " sur un air de " Take five" : cela semble ici presque naturel. « A la mode de Caen " est aussi l’objet d’une interprétation tout à fait délicieuse due pour une grande part à la prestation de la chanteuse Elodie Saint, une fois encore complètement séduisante, dans cette appropriation vocale jazz and blues et sa gestuelle chaloupée d’un répertoire qui ne s’y prête guère.
Il est vrai, qu’elle est entre de bonnes mains- si on peut dire- sous les doigts de son complice Emmanuel Bex toujours à la recherche d’ accords, d’ arrangements insolites et néanmoins swinguants, l’humour en plus.
Sans oublier la rythmique composée du contrebassiste Jean-Michel Charbonnel et du batteur Guillaume Chevillard et leur dialogue complice avec la chanteuse.
En guise de conclusion, l’organiste évoquait à son tour ses jeunes années qui l’emmenaient en " turbo train" au Conservatoire de Musique de Paris où au lieu de réviser ses cours ainsi qu’il l’aurait dû , préférait " regarder les vaches qui regardaient passer le train".

Le jazz dans les foyers était aussi dans les prés !
Les nombreux spectateurs se retrouvaient alors, au terme de ce concert délicieusement décalé, autour des musiciens et de leur disque Première moisson enregistré en 2017 pour le cinquième anniversaire du festival Jazz dans les Prés sous l’égide de Happy Jazz Club et de Guillaume Chevillard himself.

Emmanuel Bex : orgue Hammond
Jean-Michel Charbonnel : contrebasse
Guillaume Chevillard : batterie
Elodie Saint : voix

Stéphane Barthod : photographies