Dernier jour du Charlie festival de Vitrolles. "Poetic ways" : Raphaël Imbert, Anne Paceo, Célia Kaméni, Pierre-François Blanchard et Pierre Fénichel. "Mare nostrum" : Paolo Fresu, Richard Galliano et Jan Lundgren
Dimanche 07 juillet 2024
Drôle d’ambiance au Charlie festival de Vitrolles ! Même si la température était délicieuse et qu’un léger vent soufflait dans les platanes du domaine de Fontblanche, les esprits étaient ailleurs. Ce dimanche 7 juillet, se déroulaient les élections législatives et les enjeux étaient importants, on sentait à l’approche de la communication des résultats une tension extrême. 19h45, la Tribune de Genève annonçait le Rassemblement national battu et le Front de gauche en tête. La nouvelle se répandait de groupe et en groupe et ne devait plus être démentie. Ces résultats prenaient une résonnance particulière à Vitrolles, ville qui a connu un Maire du Front national de 1997 à 2002. Ces années « Mégret », comme à Orange ou à Châteauvallon ont eu un impact considérable sur les festivals et plus largement sur la culture dans la région. Elles devaient aussi, comme l’a rappelé Raphaël Imbert, être un sujet de préoccupation et de résistance du milieu culturel à Marseille et en Provence. Durant la soirée, les organisateurs et des musiciens ont exprimé leur soulagement à la non élection du Rassemblement national. Les festivaliers étaient partagés entre envie de penser à autre chose et besoin de se connecter pour connaître les dernières nouvelles.
Musicalement, la découverte est venue, à mon sens, du groupe Poetic Ways et la confirmation du trio Paolo Fresu, Richard Galliano, Jan Lundgren qui a offert ce qu’on attendait de lui, en mieux !
Dire que ce groupe s’est formé à quelques kilomètres de là en 2021 pour le bicentenaire du Conservatoire de Marseille lors d’un concert improvisé ! Même si une grande liberté flotte sur scène, on sent une colonne vertébrale musicale et des rôles bien définis. Anne Paceo que l’on ne présente plus, mène, encourage, relance, recadre et ouvre de nouvelles voies derrière ses petites lunettes rondes. Pierre Fénichel est lui aussi du côté des stabilisateurs. Formé au Conservatoire de Marseille, il a déjà un pédigré de contrebassiste long comme le bras et la technique qui va avec. Pierre-François Blanchard est là, en pianiste rêveur, subtil et délicat. Il n’a pas accompagné Pierre Barrouh pendant cinq ans pour rien. Raphaël Imbert amène sa fougue, sa générosité et son univers sensible à la littérature, à la chanson et à la poésie. Cerise sur le gâteau ou électron libre, Célia Kameni, chanteuse française d’origine camerounaise est le cœur du groupe. Avec un grain incroyable dans la voix, elle peut chanter avec des intonations à la « Nina Simone » ou se lancer dans des vocalises vertigineuses à la manière d’un Al Jarreau ou d’un Bobby McFerrin ! Somptueuse, elle a enthousiasmé les festivaliers. Lorsque le groupe a présenté sa version des « Marquises » de Jacques Brel, un frisson a parcouru le public.
On vient écouter le trio Mare nostrum comme on va voir la mer. On sait à l’avance ce que l’on va trouver et on est pourtant surpris. Surpris par tant de virtuosité, tant de subtilité et d’invention. Ces trois-là jouent ensemble depuis dix ans et je suis sûr qu’ils cherchent et qu’ils arrivent encore à se surprendre. Paolo Fresu, Richard Galliano et Jan Lundgren nous ont fait beaucoup de bien ce dimanche 7 juillet, nous en avions besoin.
POETIC WAYS
Raphael Imbert : saxophones
Anne Pacéo : batterie
Celia Kameni : chant
Pierre-François Blanchard : piano
Pierre Fénichel : contrebasse
MARE NOSTRUM
Paolo Fresu : trompette et bugle
Richard Galliano : accordéon, bandonéon et accordina
Jan Lundgren : piano